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OTHON III,
quatorzième empereur.

983. Comment reconnaître en Allemagne un empereur et un roi de Germanie âgé de dix ans, qui n’avait été reconnu qu’à Vérone, et dont le père venait d’être vaincu par les Sarrasins ? Ce même Henri de Bavière, qui avait disputé la couronne au père, sort de la prison de Mastricht, où il était renfermé ; et, sous prétexte de servir de tuteur au jeune empereur Othon III, son petit-neveu, qu’on avait ramené en Allemagne, il se saisit de sa personne, et il le conduit à Magdebourg.

984. L’Allemagne se divise en deux factions. Henri de Bavière a dans son parti la Bohême et la Pologne ; mais la plupart des seigneurs de grands fiefs et des évêques, espérant être plus maîtres sous un prince de dix ans, obligent Henri à mettre le jeune Othon en liberté et à le reconnaître, moyennant quoi on lui rend enfin la Bavière.

Othon III est donc solennellement proclamé à Veissemstadt.

Il est servi à dîner par les grands officiers de l’empire. Henri de Bavière fait les fonctions de maître d’hôtel, le comte palatin de grand-échanson, le duc de Saxe de grand-écuyer, le duc de Franconie de grand-chambellan. Les ducs de Bohême et de Pologne y assistèrent comme grands vassaux.

L’éducation de l’empereur est confiée à l’archevêque de Mayence et à l’évêque d’Ildesheim.

Pendant ces troubles, le roi de France Lothaire essaye de reprendre la haute Lorraine. Il se rend maître de Verdun.

986. Après la mort de Lothaire, Verdun est rendu à l’Allemagne.

987. Louis V, dernier roi en France de la race de Charlemagne, étant mort après un an de règne, Charles, duc de Lorraine, son oncle et son héritier naturel, prétend en vain à la couronne de France. Hugues Capet prouve par l’adresse et par la force que le droit d’élire était alors en vigueur.

988. L’abbé de Verdun obtient à Cologne la permission de ne point porter l’épée, et de ne point commander en personne les soldats qu’il doit quand l’empereur lève des troupes.

Othon III confirme tous les priviléges des évêques et des abbés. Leur privilége et leur devoir étaient donc de porter l’épée, puisqu’il fallut une dispense particulière à cet abbé de Verdun.