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HENRI III.

1053. Le pape Léon IX vient dans Vorms se plaindre à l’empereur que les princes normands deviennent trop puissants.

Henri III reprend les droits féodaux de Bamberg, et donne au pape la ville de Bénévent en échange. On ne pouvait donner au pape que la ville, les princes normands ayant fait hommage à l’empire pour le reste du duché ; mais l’empereur donna au pape une armée avec laquelle il pourrait chasser ces nouveaux conquérants devenus trop voisins de Rome.

Léon IX mène contre eux cette armée, dont la moitié est commandée par des ecclésiastiques.

Humfroi, Richard, et Robert Guiscard ou Guichard, ces Normands si fameux dans l’histoire[1], taillent en pièces l’armée du pape, trois fois plus forte que la leur. Ils prennent le pape prisonnier, se jettent à ses pieds, lui demandent sa bénédiction, et le mènent prisonnier dans la ville de Bénévent.

1054. L’empereur affecte la puissance absolue. Le duc de Bavière ayant la guerre avec l’évêque de Ratisbonne, Henri III prend le parti de l’évêque, cite le duc de Bavière devant son conseil privé, dépouille le duc, et donne la Bavière à son propre fils Henri, âgé de trois ans : c’est le célèbre empereur Henri IV.

Le duc de Bavière se réfugie chez les Hongrois, et veut en vain les intéresser à sa vengeance.

L’empereur propose aux seigneurs qui lui sont attachés d’assurer l’empire à son fils presque au berceau. Il le fait déclarer roi des Romains dans le château de Tribur, près de Mayence. Ce titre n’était pas nouveau ; il avait été pris par Ludolphe, fils d’Othon Ier.

1055. Il fait un traité d’alliance avec Contarini, duc de Venise. Cette république était déjà puissante et riche, quoiqu’elle ne battît monnaie que depuis l’an 950, et qu’elle ne fût affranchie que depuis 998 d’une redevance d’un manteau de drap d’or, seul tribut qu’elle avait payé aux empereurs d’Occident.

Gênes était la rivale de sa puissance et de son commerce. Elle avait déjà la Corse, qu’elle avait prise sur les Arabes ; mais son négoce valait plus que la Corse, que les Pisans lui disputèrent.

Il n’y avait point de telles villes en Allemagne, et tout ce qui était au delà du Rhin était pauvre et grossier. Les peuples du Nord et de l’Est, plus pauvres encore, ravageaient toujours ces pays.

1056. Les Slaves font encore une irruption, et désolent le duché de Saxe.

  1. Voyez, tome XI, page 356 et suivantes.