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HENRI IV.

Grégoire avait prodiguées. On négocie : on fait promettre au pape de couronner Henri.

Grégoire, pour tenir sa promesse, propose de descendre la couronne du haut du château Saint-Ange avec une corde, et de couronner ainsi l’empereur.

1084. Henri ne s’accommode point de cette plaisante cérémonie ; il fait introniser son anti-pape Guibert, et est couronné solennellement par lui.

Cependant Robert Guiscard ayant reçu de nouvelles troupes, cet aventurier normand force l’empereur à s’éloigner, tire le pape du château Saint-Ange, devient à la fois son protecteur et son maître, et l’emmène à Salerne, où Grégoire demeura jusqu’à sa mort prisonnier de ses libérateurs, mais toujours parlant en maître des rois, et en martyr de l’Église.

1085. L’empereur retourne à Rome, s’y fait reconnaître, lui et son pape, et se hâte de retourner en Allemagne, comme tous ses prédécesseurs, qui paraissaient n’être venus prendre Rome que par cérémonie. Les divisions de l’Allemagne le rappelaient : il fallait écraser l’anti-empereur, et dompter les Saxons ; mais il ne peut jamais avoir de grandes armées, ni par conséquent de succès entiers.

1086. Il soumet la Thuringe ; mais la Bavière, soulevée par l’ingratitude de Guelfe, la moitié de la Souabe, qui ne veut point reconnaître son gendre, se déclarent contre lui ; et la guerre civile est dans toute l’Allemagne.

1087. Grégoire VII étant mort, Didier, abbé du Mont-Cassin, est pape[1] sous le nom de Victor III. La comtesse Mathilde, fidèle à sa haine contre Henri IV, fournit des troupes à ce Victor pour chasser de Rome la garnison de l’empereur et son pape Guibert, Victor meurt, et Rome n’est pas moins soustraite à l’autorité impériale.

1088. L’anti-empereur Hermann, n’ayant plus ni argent ni troupes, vient se jeter aux genoux de Henri IV, et meurt ensuite ignoré.

Henri IV épouse une princesse russe, veuve d’un marquis de Brandebourg de la maison de Stade ; ce n’était pas un mariage de politique.

Il donne le marquisat de Misnie au comte de Lanzberg, l’un

  1. Après un interrègne d’un an, et même de deux : car Grégoire VII mourut le 25 mai 1085, et Victor III, élu le 24 mai 1086, ne fut consacré que le 9 mai de l’année suivante ; mort le 16 septembre 1087. (Cl.)