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ANNALES DE L’EMPIRE.

légats, dans tous les royaumes, désavouassent sa condescendance pour Henri V.

Il assemble un concile dans la basilique de Saint-Jean de Latran. Là, en présence de trois cents prélats, il demande pardon de sa faiblesse, offre de se démettre du pontificat, casse, annule tout ce qu’il a fait, et s’avilit lui-même pour relever l’Église.

1113. Il se peut que Pascal II et son concile n’eussent pas fait cette démarche s’ils n’eussent compté sur quelqu’une de ces révolutions qui ont toujours suivi le sacre des empereurs. En effet, il y avait des troubles en Allemagne au sujet du fisc impérial, autre source de guerres civiles.

1114. Lothaire, duc de Saxe, depuis empereur, est à la tête de la faction contre Henri V. Cet empereur, ayant à combattre les Saxons comme son père, est défendu comme lui par la maison de Souabe. Frédéric de Stauffen, duc de Souabe, père de l’empereur Barberousse, empêche Henri V de succomber.

1115. Les ennemis les plus dangereux de Henri V sont trois prêtres : le pape, en Italie ; l’archevêque de Mayence, qui bat quelquefois ses troupes ; et l’évêque de Vurtzbourg, Erlang, qui, envoyé par lui aux ligueurs, le trahit et se range de leur côté.

1116. Henri V, vainqueur, met l’évêque de Vurtzbourg, Erlang, au ban de l’empire. Les évêques de Vurtzbourg se prétendaient seigneurs directs de toute la Franconie, quoiqu’il y eût des ducs, et que ce duché même appartînt à la maison impériale.

Le duché de Franconie est donné à Conrad, neveu de Henri V. Il n’y a plus aujourd’hui de duc de cette grande province, non plus que de Souabe.

L’évêque Erlang se défend longtemps dans Vurtzbourg, dispute les remparts l’épée à la main, et s’échappe quand la ville est prise.

La fameuse comtesse Mathilde meurt, après avoir renouvelé la donation de tous ses biens à l’Église romaine.

1117. L’empereur Henri V, déshérité par sa cousine et excommunié par le pape, va en Italie se mettre en possession des terres de Mathilde, et se venger du pape. Il entre dans Rome, et le pape s’enfuit chez les nouveaux vassaux et les nouveaux protecteurs de l’Église, les princes normands.

Le premier couronnement de l’empereur paraissant équivoque, on en fait un second qui l’est bien davantage. Un archevêque de Brague en Portugal, Limousin de naissance, nommé Bourdin, s’avise de sacrer l’empereur.

1118. Henri, après cette cérémonie, va s’assurer de la Tos-