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FRÉDÉRIC Ier, DIT BARBEROUSSE.

fice dont la cour de Rome usait en parlant de l’empire, et du tableau où Lothaire II était représenté comme vassal du saint-siége. Sa gloire et sa puissance, ainsi que son droit, justifient cette hauteur. Un légat[1] ayant dit : « Si l’empereur ne tient pas l’empire du pape, de qui le tient-il donc ? » le comte palatin, pour réponse, veut tuer les légats. L’empereur les renvoie à Rome.

Les droits régaliens sont confirmés à l’archevêque de Lyon, reconnu par l’empereur pour primat des Gaules, La juridiction de l’archevêque est, par cet acte mémorable, étendue sur tous les fiefs de la Savoie, L’original de ce diplôme subsiste encore. Le sceau est dans une petite bulle ou boîte d’or. C’est de cette manière de sceller que le nom de bulle a été donné aux constitutions.

1158. L’empereur accorde le titre de roi au duc de Bohême Vladislas, sa vie durant. Les empereurs donnaient alors des titres à vie[2], même celui de monarque ; et on était roi par la grâce de l’empereur, sans que la province dont on devenait roi fût un royaume : de sorte que l’on voit dans les commencements, tantôt des rois, tantôt des ducs, de Hongrie, de Pologne, de Bohême.

Il passe en Italie : d’abord le comte palatin et le chancelier de l’empereur, qu’il ne faut pas confondre avec le chancelier de l’empire, vont recevoir les serments de plusieurs villes. Ces serments étaient conçus en ces termes : « Je jure d’être toujours fidèle à monseigneur l’empereur Frédéric contre tous ses ennemis, etc. » Comme il était brouillé alors avec le pape, à cause de l’aventure des légats à Besançon, il semblait que ces serments fussent exigés contre le saint-siége.

Il ne paraît pas que les papes fussent alors souverains des terres données par Pépin, par Charlemagne, et par Othon Ier. Les commissaires de l’empereur exercent tous les droits de la souveraineté dans la marche d’Ancône.

Adrien IV envoie de nouveaux légats à l’empereur dans Augsbourg, où il assemble son armée, Frédéric marche à Milan, Cette ville était déjà la plus puissante de la Lombardie, et Pavie et Ravenne étaient peu de chose en comparaison : elle s’était rendue libre dès le temps de l’empereur Henri V ; la fertilité de son territoire, et surtout sa liberté, l’avaient enrichie.

À l’approche de l’empereur, elle envoie offrir de l’argent pour garder sa liberté ; mais Frédéric veut l’argent et la sujétion. La

  1. Le cardinal Roland.
  2. Voyez années 1000 et 1309.