Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome13.djvu/332

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
320
ANNALES DE L’EMPIRE.

ville est assiégée, et se défend ; bientôt ses consuls capitulent : on leur ôte le droit de battre monnaie, et tous les droits régaliens. On condamne les Milanais à bâtir un palais pour l’empereur, à payer neuf mille marcs d’argent. Tous les habitants font serment de fidélité. Milan, sans duc et sans comte, fut gouvernée en ville sujette.

Frédéric fait commencer à bâtir le nouveau Lodi, sur la rivière d’Adda ; il donne de nouvelles lois en Italie, et commence par ordonner que toute ville qui transgressera ces lois payera cent marcs d’or ; un marquis, cinquante ; un comte, quarante ; et un seigneur châtelain, vingt. Il ordonne qu’aucun fief ne pourra se partager ; et comme les vassaux, en prêtant hommage aux seigneurs des grands fiefs, leur juraient de les servir indistinctement envers et contre tous, il ordonne que dans ces serments on excepte toujours l’empereur : loi sagement contraire aux coutumes féodales de France, par lesquelles un vassal était obligé de servir son seigneur en guerre contre le roi, ce qui était, comme nous l’avons dit ailleurs[1], une jurisprudence de guerres civiles.

Les Génois et les Pisans avaient depuis longtemps enlevé la Corse et la Sardaigne aux Sarrasins, et s’en disputaient encore la possession : c’est une preuve qu’ils étaient très-puissants ; mais Frédéric, plus puissant qu’eux, envoie des commissaires dans ces deux villes ; et parce que les Génois le traversent, il leur fait payer une amende de mille marcs d’argent, et les empêche de continuer à fortifier Gênes.

Il remet l’ordre dans les fiefs de la comtesse Mathilde, dont les papes ne possédaient rien ; il les donne à un Guelfe, cousin du duc de Saxe et de Bavière. On oublie le neveu de cette comtesse, fils de l’empereur Conrad, lequel avait des droits sur ces fiefs. En ce temps l’université de Bologne, la première de toutes les universités de l’Europe, commençait à s’établir, et l’empereur lui donne des priviléges.

1159-1160. Frédéric Ier commençait à être plus maître en Italie que Charlemagne et Othon ne l’avaient été : il affaiblit le pape en soumettant les prérogatives des sénateurs de Rome, et encore plus en mettant des troupes en quartier d’hiver dans ses terres.

Adrien IV, pour mieux conserver le temporel, attaque Frédéric Barberousse sur le spirituel. Il ne s’agit plus des investitures par un bâton courbé ou droit[2], mais du serment que les évêques

  1. Tome XI, page 411.
  2. Voyez 1076 et 1122.