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ANNALES DE L’EMPIRE.

milieu de la Vestphalie. il avait, outre la Bavière, la Stirie et la Carinthie. L’archevêque de Cologne, son ennemi, est chargé de l’exécution du ban.

Parmi les vassaux de l’empire qui amènent des troupes à l’archevêque de Cologne, on voit un Philippe, comte de Flandre, ainsi qu’un comte de Hainaut, et un duc de Brabant, etc. Cela pourrait faire croire que la Flandre proprement dite se regardait toujours comme membre de l’empire, quoique pairie de la France ; tant le droit féodal traînait après lui d’incertitudes.

Le duc Henri se défend dans la Saxe : il prend la Thuringe ; il prend la Hesse ; il bat l’armée de l’archevêque de Cologne.

La plus grande partie de l’Allemagne est ravagée par cette guerre civile, effet naturel du gouvernement féodal. Il est même étrange que cet effet n’arrivât pas plus souvent.

1180, Après quelques succès divers, l’empereur tient une diète dans le château de Gelnhausen vers le Rhin. On y renouvelle, on y confirme la proscription de Henri le Lion. Frédéric y donne la Saxe à Bernard d’Anhalt, fils d’Albert l’Ours, marquis de Brandebourg. On lui donne aussi une partie de la Vestphalie. La maison d’Anhalt parut alors devoir être la plus puissante de l’Allemagne.

La Bavière est accordée au comte Othon de Vitelsbach, chef de la cour de justice de l’empereur. C’est de cet Othon-Vitelsbach que descendent les deux maisons électorales de Bavière[1] qui règnent de nos jours après tant de malheurs. Elles doivent leur grandeur à Frédéric Barberousse.

Dès que ces seigneurs furent investis, chacun tombe sur Henri le Lion ; et l’empereur se met lui-même à la tête de l’armée.

1181. On prend, au duc Henri, Lunebourg dont il était maître ; on attaque Lubeck dont il était le protecteur, et le roi de Danemark Valdemar aide l’empereur dans ce siége de Lubeck.

Lubeck, déjà riche, et qui craignait de tomber au pouvoir du Danemark, se donne à l’empereur, qui la déclare ville impériale, capitale des villes de la mer Baltique, avec la permission de battre monnaie.

Le duc Henri, ne pouvant plus résister, va se jeter aux pieds de l’empereur, qui lui promet de lui conserver Brunsvick et Lunebourg, reste de tant d’États qu’on lui enlève.

Henri le Lion passe à Londres avec sa femme, chez le roi Henri : II, son beau-père. Elle lui donne un fils nommé Othon :

  1. L’une d’elles s’est éteinte en 1777 : voyez, page 214, la liste des Électeurs de Bavière.