Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome13.djvu/354

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
342
ANNALES DE L’EMPIRE.

Ferry, duc de Lorraine. L’Allemagne est d’un bout à l’autre le théâtre de la guerre civile.

1213. Frédéric II reçoit enfin de l’archevêque de Mayence la couronne à Aix-la-Chapelle.

Cependant Othon se soutient, et il regagne presque tout, lorsqu’il était prêt de tout perdre.

Il était toujours protégé par l’Angleterre. Son concurrent, Frédéric II, l’était par la France. Othon fortifie son parti en épousant la fille du duc de Brabant après la mort de sa femme Béatrix. Le roi d’Angleterre, Jean, lui donne de l’argent pour attaquer le roi de France. Ce Jean n’était pas encore Jean sans Terre ; mais il était destiné à l’être, et à devenir, comme Othon, très-malheureux.

1214. Il paraît singulier qu’Othon, qui, un an auparavant, avait de la peine à se défendre en Allemagne, puisse faire la guerre à présent à Philippe-Auguste. Mais il était suivi du duc de Brabant, du duc de Limbourg, du duc de Lorraine, du comte de Hollande, de tous les seigneurs de ces pays, et du comte de Flandre, que le roi d’Angleterre avait gagnés. C’est toujours un problème si les comtes de Flandre, qui alors faisaient toujours hommage à la France, étaient regardés comme vassaux de l’empire malgré cet hommage.

Othon marche vers Valenciennes avec une armée de plus de cent vingt mille combattants, tandis que Frédéric II, caché vers la Suisse, attendait l’issue de cette grande entreprise. Philippe-Auguste était pressé entre l’empereur et le roi d’Angleterre.

BATAILLE FAMEUSE DE BOUVINES.

[1]L’empereur Othon la perdit. On tua, dit-on, trente mille Allemands, nombre probablement exagéré. L’usage était alors de charger de chaînes les prisonniers. Le comte de Flandre et le comte de Boulogne furent menés à Paris les fers aux pieds et aux mains. C’était une coutume barbare établie. Le roi Richard d’Angleterre, Cœur de Lion, disait lui-même qu’étant arrêté en Allemagne, contre le droit des gens, « on l’avait chargé de fers aussi pesants qu’il avait pu les porter ».

  1. Dans les premières éditions était ici un long passage que l’auteur a transporté dans le chapitre li de l’Essai sur les Mœurs (voyez tome XI, page 421 ). Ce morceau commençait ainsi : « Entre Lille et Tournai, etc. » (B.)