Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome13.djvu/358

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
346
ANNALES DE L’EMPIRE.

On y enseigne les lois ; et peu à peu les lois lombardes cédèrent au droit romain.

Il paraît que le dessein de Frédéric II était de rester dans l’Italie. On s’attache au pays où l’on est né, et qu’on embellit : et ce pays était le plus beau de l’Europe. Il passe quinze ans sans aller en Allemagne. Pourquoi eût-il tant flatté les papes, tant ménagé les villes d’Italie, s’il n’avait conçu l’idée d’établir enfin à Rome le siége de l’empire ? N’était-ce pas le seul moyen de sortir de cette situation équivoque où étaient les empereurs ; situation devenue encore plus embarrassante depuis que l’empereur était à la fois roi de Naples et vassal du saint-siége, et depuis qu’il avait promis de séparer Naples et Sicile de l’empire ? Tout ce chaos eût été enfin débrouillé si l’empereur eût été le maître de l’Italie ; mais la destinée en ordonna autrement.

Il paraît aussi que le grand dessein du pape était de se débarrasser de Frédéric, et de l’envoyer dans la Terre Sainte. Pour y réussir, il lui avait fait épouser, après la mort de Constance d’Aragon, une des héritières prétendues du royaume de Jérusalem, perdu depuis longtemps. Jean de Brienne, qui prenait ce vain titre de roi de Jérusalem, fondé sur la prétention de sa mère, donna sa fille Jolanda ou Violanta à Frédéric, avec Jérusalem pour dot, c’est-à-dire avec presque rien : et Frédéric l’épousa, parce que le pape le voulait, et qu’elle était belle. Les rois de Sicile ont toujours pris le titre de rois de Jérusalem depuis ce temps-là. Frédéric ne s’empressait pas d’aller conquérir la dot de sa femme, qui ne consistait que dans des prétentions sur un peu de terrain maritime, resté encore aux chrétiens dans la Syrie.

1225. Pendant les années précédentes et dans les suivantes, le jeune Henri, fils de l’empereur, est toujours en Allemagne, Une grande révolution arrive en Danemark et dans toutes les provinces qui bordent la mer Baltique. Le roi danois Valdemar s’était emparé de ces provinces, où habitaient les Slaves occidentaux, les Vandales ; de Hambourg à Dantzick, et de Dantzick à Bevel, tout reconnaissait Valdemar.

Un comte de Schverin, dans le Mecklenbourg, devenu vassal de ce roi, forme le dessein d’enlever Valdemar et le prince héréditaire son fils. Il l’exécute dans une partie de chasse, le 23 mai 1223.

Le roi de Danemark, prisonnier, implore Honorius III. Ce pape ordonne au comte de Schverin, et aux autres seigneurs allemands, qui étaient de l’entreprise, de remettre en liberté le roi et son fils. Les papes prétendaient avoir donné la couronne de Danemark,