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ANNALES DE L’EMPIRE.

Ayant ainsi jugé l’Italie et l’empereur, il juge Valdemar, roi de Danemark, qui avait fait serment de payer aux seigneurs allemands le reste de sa rançon, et de ne jamais reprendre ce qu’il avait cédé. Le pape le relève d’un serment fait en prison, et par force ; Valdemar rentre dans le Holstein, mais il est battu. Le seigneur de Lunebourg et de Brunsvick, son neveu, qui combat pour lui, est fait prisonnier. Il n’est élargi qu’en cédant quelques terres. Toutes ces expéditions sont toujours des guerres civiles. L’Allemagne alors est quelque temps tranquille.

1228. Honorius III étant mort, et Grégoire IX, frère d’Innocent III, lui ayant succédé, la politique du pontificat fut la même ; mais l’humeur du nouveau pontife fut plus altière ; il presse la croisade et le départ tant promis de Frédéric II ; il fallait envoyer ce prince à Jérusalem pour l’empêcher d’aller à Rome. L’esprit du temps faisait regarder le vœu de ce prince comme un devoir inviolable. Sur le premier délai de l’empereur, le pape l’excommunie. Frédéric dissimule encore son ressentiment ; il s’excuse, il prépare sa flotte, il exige de chaque fief de Naples et de Sicile huit onces d’or pour son voyage. Les ecclésiastiques même lui fournissent de l’argent, malgré la défense du pape. Enfin il s’embarque à Brindisi, mais sans avoir fait lever son excommunication.

1229. Que fait Grégoire IX pendant que l’empereur va vers la Terre Sainte ? il profite de la négligence de ce prince à se faire absoudre, ou plutôt du mépris qu’il a fait de l’excommunication, et il se ligue avec les Milanais et les autres villes confédérées pour lui ravir le royaume de Naples, dont on craignait tant l’incorporation avec l’empire.

Renaud, duc de Spolette et vicaire du royaume, prend au pape la marche d’Ancône. Alors le pape fait prêcher une croisade en Italie contre ce même Frédéric II qu’il avait envoyé à la croisade de la Terre Sainte.

Il envoie un ordre au patriarche titulaire de Jérusalem, qui résidait à Ptolémaïs, de ne point reconnaître l’empereur.

Frédéric, dissimulant encore, conclut avec le soudan d’Égypte Melecsala, que nous appelons Mélédin, maître de la Syrie, un traité par lequel il paraît que l’objet de la croisade est rempli. Le sultan lui cède Jérusalem, avec quelques petites villes maritimes dont les chrétiens étaient encore en possession ; mais c’est à condition qu’il ne résidera pas à Jérusalem, que les mosquées bâties dans les saints lieux subsisteront, qu’il y aura toujours un émir dans la ville. Frédéric passa pour s’être entendu avec le Soudan afin de tromper le pape. Il va à Jérusalem avec une très-petite