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RODOLPHE Ier



RODOLPHE Ier, DE HABSBOURG
premier empereur de la maison d’autriche.
vingt-huitième empereur.


1273. Enfin on s’assemble à Francfort pour élire un empereur, et cela sur les lettres de Grégoire X, qui menace d’en nommer un. C’était une chose nouvelle que ce fût un pape qui voulût un empereur.

On ne propose dans cette assemblée aucun prince possesseur de grands États. Ils étaient trop jaloux les uns des autres. Le comte de Tyrol, qui était du nombre des électeurs, indique trois sujets : un comte de Goritz, seigneur d’un petit pays dans le Frioul, et absolument inconnu ; un Bernard, non moins inconnu encore, qui n’avait pour tout bien que des prétentions sur le duché de Carinthie ; et Rodolphe de Habsbourg, capitaine célèbre, et grand-maréchal de la cour d’Ottocare, roi de Bohême[1].

Les électeurs, partagés entre ces trois concurrents, s’en rapportent à la décision du comte palatin Louis le Sévère, duc de Bavière, le même qui avait élevé et secouru en vain le malheureux Conradin et Frédéric d’Autriche. C’est là le premier exemple d’un pareil arbitrage. Louis de Bavière nomme empereur Rodolphe de Habsbourg.

Le burgrave ou châtelain de Nuremberg en apporte la nouvelle à Rodolphe, qui, n’étant plus alors au service du roi de Bohême, s’occupait de ses petites guerres vers Bâle et vers Strasbourg.

Alfonse de Castille et le roi de Bohême protestent en vain contre l’élection. Cette protestation d’Ottocare ne prouve pas assurément qu’il eût refusé la couronne impériale.

Rodolphe était fils d’Albert, comte de Habsbourg en Suisse. Sa mère était Ulrike de Kibourg, qui avait plusieurs seigneuries en Alsace. Il était marié depuis longtemps avec Anne de Hæneberg[2], dont il avait quatre enfants[3]. Son âge était de cinquante-cinq ans

  1. C’est l’archevêque de Mayence, Werner, qui le premier proposa Rodolphe.
  2. Son véritable nom est Anne-Gertrude de Hohemberg ; voyez le Catalogue des empereurs, page 201.
  3. Il avait sept filles, toutes en âge d’être mariées, et ce fut là un des puissants motifs de son élection. Chacun des électeurs espérait pouvoir allier sa famille à celle du nouvel empereur. (G. A.)