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ANNALES DE L’EMPIRE.

d’entretenir des troupes. Ce n’était qu’une confirmation, une extension des droits obtenus de Frédéric Barberousse[1]. L’Italie fut alors indépendante et comme détachée de l’empire, parce que l’empereur était éloigné et trop peu puissant. Le temps eût pu assurer à ce pays une liberté pleine et entière. Déjà les villes de Lombardie, celles de la Suisse même, ne prêtaient plus de serment, et rentraient insensiblement dans leurs droits naturels.

À l’égard des villes d’Allemagne, elles prêtaient toutes serment ; mais les unes étaient réputées libres, comme Augsbourg, Aix-la-Chapelle, et Metz ; les autres avaient le nom d’impériales, en fournissant des tributs ; les autres, sujettes, comme celles qui relevaient immédiatement des princes, et médiatement de l’empire ; les autres, mixtes, qui, en relevant des princes, avaient pourtant quelques droits impériaux.

Les grandes villes impériales étaient toutes différemment gouvernées. Nuremberg était administrée par des nobles : les citoyens avaient, à Strasbourg, l’autorité.

1288-1289-1290. Rodolphe fait servir toutes ses filles à ses intérêts. Il marie encore une fille qu’il avait de sa première femme au jeune Venceslas[2], roi de Bohême, devenu majeur, et lui fait jurer qu’il ne prétendra jamais rien aux duchés d’Autriche et de Stirie ; mais aussi, en récompense, il lui confirme la charge de grand-échanson.

Les ducs de Bavière prétendaient cette charge de la maison de l’empereur. Il semble que la qualité d’électeur fût inséparable de celle de grand-officier de la couronne : non que les seigneurs des principaux fiefs ne prétendissent encore le droit d’élire ; mais les grands-officiers voulaient ce droit de préférence aux autres. C’est pourquoi les ducs de Bavière disputaient la charge de grand-maître à la branche de Bavière palatine, quoique aînée.

Grande diète à Erfort[3] dans laquelle on confirme le partage déjà fait de la Thuringe. L’orientale reste à la maison de Misnie, qui est aujourd’hui de Saxe ; l’occidentale demeure à la maison de Brabant, héritière de la Misnie par les femmes. C’est la maison de Hesse.

Le roi de Hongrie, Ladislas III, ayant été tué par les Tartares cumins[4], qui ravageaient toujours ce pays, l’empereur, qui pré-

  1. Voyez année 1183.
  2. Venceslas ou Wenceslas IV, fils d’Ottocare II, mort le 21 juin 1305.
  3. Erfurth : voyez pages 266, 322, 338.
  4. Les Tartares cumains, ou plutôt cumans, habitants de la province dite Cumanie, assassinèrent Ladislas III le 19 juillet 1290. (Cl.)