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LOUIS V DE BAVIÈRE.

Enfin Louis prononce un arrêt de mort contre le pape, et même contre le roi de Naples, qui avait accepté du pape le vicariat de l’empire en Italie. Il les condamne tous deux à être brûlés vifs : la colère outrée va quelquefois jusqu’au ridicule. Il crée pape le 22 mai, de son autorité, Pierre Reinalucci, de la ville de Corbiero ou Corbario, dominicain, et le fait agréer par le peuple romain. Il l’investit par l’anneau, au lieu de lui baiser les pieds, et se fait de nouveau couronner par lui.

Ce qui était arrivé à tous les empereurs depuis les Othons arrive à Louis de Bavière. Les Romains conspirent contre lui. Le roi de Naples arrive avec des troupes aux portes de Rome. L’empereur et son pape sont obligés de s’enfuir.

1329. L’empereur, réfugié à Pise, est forcé d’en sortir. Il retourne sans armée en Bavière avec deux franciscains qui écrivaient contre le pape, Michel de Césène et Guillaume Okam. L’anti-pape Pierre de Corbiero se cache de ville en ville.

Le roi de Naples Robert fait rentrer sous la domination, ou plutôt sous la protection papale, Rome et plusieurs villes d’Italie.

Les Viscontis, toujours puissants dans Milan, et qui ne pouvaient plus être défendus par l’empereur, l’abandonnent. Ils se rangent du parti de Jean XXII, qui, toujours réfugié dans Avignon, semble donner des lois à l’Europe, et en donne en effet quand ces lois sont exécutées par les forts contre les faibles.

Louis de Bavière étant à Pavie fait un traité mémorable avec son neveu Robert, fils de l’électeur palatin Rodolphe, mort en exil en Angleterre, et tige de toute la branche palatine. Par ce traité il partage avec son neveu les terres de la maison palatine ; il lui rend le palatinat du Rhin et le haut Palatinat, et il garde pour lui la Bavière. Il règle qu’après l’extinction d’une des deux maisons palatine et de Bavière, qui ont une souche commune, la survivante entrera en possession de toutes les terres et dignités de l’autre, et que cependant le suffrage dans les élections des empereurs appartiendra alternativement aux deux maisons. Le droit de suffrage, accordé ainsi à la maison de Bavière, ne dura pas longtemps. La division que cet accord mit entre les deux maisons fut longue.

1330. Le pape frère Pierre de Corbiero[1], caché dans un château d’Italie, entouré de soldats envoyés par l’archevêque de Pise, demande grâce à Jean XXII, qui lui promet la vie sauve, et trois mille florins d’or de pension pour son entretien.

  1. Voyez année 1328.