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LOUIS V DE BAVIÈRE.

mourant sur la manière dont il avait dit qu’on voyait Dieu dans le ciel, et qu’il n’en eut point sur les trésors qu’il avait amassés sur la terre.

1335. Le vieux roi Jean de Luxembourg épouse une jeune princesse de la maison de France, de la branche de Bourbon ; et, par son contrat de mariage, il donne le duché de Luxembourg au fils qui naîtra de cette alliance. La plupart des clauses des contrats sont des semences de guerre.

Voici un autre mariage qui produit une guerre dès qu’il est consommé. Le vieux roi de Bohême avait un second fils, Jean de Luxembourg, duc de Carinthie. Ce jeune prince prenait le titre de duc de Carinthie, parce que sa femme avait des prétentions sur ce duché. Cette princesse de Carinthie, qu’on appelait Marguerite la Grande Bouche, prétend que son mari Jean de Luxembourg est impuissant. Elle trouve un évêque de Freisengen qui casse son mariage sans formalités ; elle se donne au marquis de Brandebourg.

L’intérêt a autant de part que l’amour dans cet adultère. Le margrave de Brandebourg était le fils de l’empereur Louis de Bavière. Marguerite la Grande Bouche apportait le Tyrol en dot, et des droits sur la Carinthie : ainsi l’empereur ne fit aucune difficulté d’ôter cette princesse au fils de Bohême, et de la donner à son fils de Brandebourg. Ce mariage excite une guerre qui dure toute l’année ; et après beaucoup de sang répandu, on en vient à un accommodement singulier : c’est que le jeune Jean de Luxembourg avoue que sa femme a raison de l’avoir quitté, et approuve son mariage avec le Brandebourgeois, fils de l’empereur.

Petite guerre des Strasbourgeois contre les seigneurs des environs. Strasbourg agit en vraie république indépendante, à cela près que son évêque se mettait souvent à la tête des troupes, pour faire dépendre les citoyens de l’évêque.

1336-1337. On commence à négocier beaucoup en Allemagne pour la fameuse guerre que le roi d’Angleterre Edouard III méditait contre Philippe de Valois. Il s’agissait de savoir à qui la France appartiendrait.

Il est vrai que ce pays, beaucoup plus resserré qu’il ne l’est aujourd’hui, affaibli par les divisions du gouvernement féodal, et n’ayant point de grand commerce maritime, n’était pas le plus grand théâtre de l’Europe ; mais c’était toujours un objet très-important.

Philippe de Valois d’un côté, et Édouard de l’autre, tâchent d’engager les princes d’Allemagne dans leur querelle ; mais il