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ANNALES DE L’EMPIRE.

Clément VI, nouveau pape, né Français et résidant à Avignon, est sollicité de revenir enfin rétablir en Italie le pontificat, et d’y achever d’anéantir l’autorité impériale. Il suit les procédures de Jean XXII contre Louis. Il sollicite l’archevêque de Trêves de faire élire en Allemagne un nouvel empereur. Il soulève en secret contre lui ce roi de Bohême Jean l’Aveugle, toujours remuant, le duc de Saxe, et Albert d’Autriche.

L’empereur Louis, qui a toujours à craindre qu’un défaut d’absolution n’arme contre lui les princes de l’empire, flatte le pape, qu’il déteste, et lui écrit « qu’il remet à la disposition de sa sainteté sa personne, son État, sa liberté, et ses titres ». Quelles expressions pour un empereur qui avait condamné Jean XXII à être brûlé vif !

Les princes assemblés à Francfort sont moins complaisants, et maintiennent les droits de l’empire.

1344-1345. Jean l’Aveugle semble plus ambitieux depuis qu’il a perdu la vue. D’un côté il veut frayer le chemin de l’empire à son fils Charles ; de l’autre il fait la guerre à Casimir, roi de Pologne, pour la mouvance du duché de Schveidnitz, dans la Silésie.

C’est l’effet ordinaire de l’établissement féodal. Le duc de Schveidnitz avait fait hommage au roi de Pologne : Jean de Bohême réclame l’hommage en qualité de duc de Silésie. L’empereur soutient en secret les intérêts du Polonais ; et malgré l’empereur, la guerre finit heureusement pour la maison de Luxembourg. Le prince Charles de Luxembourg, marquis de Moravie, fils de Jean l’Aveugle, devenu veuf, épouse la nièce du duc de Schveidnitz, qui fait hommage à la Bohême ; et c’est une nouvelle confirmation que la Silésie est une annexe de la couronne de Bohême.

L’impératrice Marguerite, femme de l’empereur Louis de Bavière, et sœur de Jean de Brabant, se trouve héritière de la Hollande, de la Zélande, et de la Frise : elle recueille cette succession. L’empereur, son mari, devait en être beaucoup plus puissant : il ne l’est pourtant pas.

En ce temps, Robert, comte palatin, fonde l’université de Heidelberg sur le modèle de celle de Paris.

1346. Jean l’Aveugle et son fils Charles font un grand parti dans l’empire au nom du pape.

Les factions impériale et papale troublent enfin l’Allemagne, comme les guelfes et les gibelins avaient troublé l’Italie. Clément VI en profite. Il publie contre Louis de Bavière une