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ANNALES DE L’EMPIRE.

L’empereur saccage Vérone ; le duc d’Autriche, Vicence. Les Viscontis se hâtent de demander la paix pour attendre un meilleur temps ; la guerre finit en donnant de l’argent à Charles, qui va se faire sacrer à Rome, selon les cérémonies usitées.

1369. Diète à Francfort. Édit sévère qui défend aux villes et aux seigneurs de se faire la guerre. À peine l’édit est-il émané que l’évêque de Hildesheim et Magnus, duc de Brunsvick, ayant chacun plusieurs seigneurs dans leur parti, se font une guerre sanglante.

Cela ne pouvait guère être autrement dans un pays où le peu de bonnes lois qu’on avait étaient sans force : et cette continuelle anarchie servait d’excuse à l’inactivité de l’empereur. Il fallait ou hasarder tout pour être le maître, ou rester tranquille ; et il prenait ce dernier parti.

Urbain V ayant fait venir les Autrichiens et les Bohémiens en Italie, qui s’en étaient retournés chargés de dépouilles, y appelle les Hongrois contre les Viscontis : il n’y manquait que des Turcs.

L’empereur, pour prévenir ce coup fatal, réconcilie les Viscontis avec le saint-siége.

1370. Valdemar, roi de Danemark, chassé de Copenhague par le roi de Suède et par le comte de Holstein, se réfugie en Poméranie. Il demande des secours à l’empereur, qui lui donne des lettres de recommandation. Il s’adresse au pape Grégoire XI. Le pape lui envoie des exhortations, et le menace de l’excommunier, lui écrivant d’ailleurs comme à son vassal ; on prétend que Valdemar lui répondit : « Je tiens la vie de Dieu, la couronne de mes sujets, mon bien de mes ancêtres, la foi seule de vos prédécesseurs ; si vous voulez vous en prévaloir, je vous la renvoie par la présente. » Cette lettre est apocryphe : c’est dommage.

Le roi Valdemar rentre dans ses États sans le secours de personne, par la désunion de ses ennemis.

1371. L’Allemagne, dans ces temps encore agrestes, polit pourtant la Pologne. Casimir, roi de Pologne, qu’on a surnommé le Grand, commence à faire bâtir quelques villes à la manière allemande, et introduit quelques lois du droit saxon dans son pays, qui manquait de lois.

Guerre particulière entre Venceslas, duc de Luxembourg et de Brabant, frère de l’empereur, et les ducs de Juliers et de Gueldre ; tous les seigneurs des Pays-Bas y prennent parti.

Rien ne caractérise plus la fatale anarchie de ces temps de brigandage. Le sujet de cette guerre était une troupe de voleurs de grand chemin, protégés par le duc de Juliers : et malheureusement un tel exemple n’était pas rare alors.