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ANNALES DE L’EMPIRE.

Charles de Durazzo arrive de Hongrie pour servir la colère du pape, qui lui promet la couronne. Ce qu’il y a de plus affreux, c’est que ce Charles de Durazzo était adopté par la reine Jeanne, déjà avancée en âge. Il était déclaré son héritier. Il aima mieux ôter la couronne et la vie à celle qui lui avait servi de mère que d’attendre la couronne de la nature et du temps.

Othon de Brunsvick, qui combat pour sa femme, est fait prisonnier avec elle. Charles de Durazzo la fait étrangler. Naples, depuis Charles d’Anjou, était devenu le théâtre des attentats contre les têtes couronnées.

1383 à 1386. Le trône impérial est alors le théâtre de l’horreur et du mépris. Ce ne sont que des séditions en Bohême contre Venceslas. Toute la maison de Bavière se réunit pour lui déclarer la guerre. C’est un crime par les lois, mais il n’y a plus de lois.

L’empereur ne peut conjurer cet orage qu’en rendant au comte palatin de Bavière les villes du haut Palatinat, dont Charles IV s’était saisi quand cet électeur avait été malheureux.

Il cède d’autres villes au duc de Bavière, comme Muhlberg et Bernau. Toutes les villes du Rhin, de Souabe, et de Franconie, se liguent entre elles. Les princes voisins de la France en reçoivent des pensions. Il ne restait plus à Venceslas que le titre d’empereur.

1387. Tandis qu’un empereur se déshonore, une femme rend son nom immortel. Marguerite de Valdemar, reine de Danemark et de Norvége, devient reine de Suède par des victoires et des suffrages. Cette grande révolution n’a de rapport avec l’Allemagne que parce que les princes de Mecklenbourg, les comtes de Holstein, les villes de Hambourg et de Lubeck, s’opposèrent inutilement à cette héroïne.

L’alliance des cantons suisses se fortifie alors, et toujours par la guerre. Le canton de Berne était, depuis quelques années, entré dans l’union. Le duc Léopold d’Autriche veut encore dompter ces peuples. Il les attaque, et perd la bataille et la vie.

1388. Les ligues des villes de Franconie, de Souabe, et du Rhin, pouvaient former un peuple libre, comme celui des Suisses, surtout sous un règne anarchique tel que celui de Venceslas ; mais trop de seigneurs, trop d’intérêts particuliers, et la nature de leur pays, ouvert de tous côtés, ne leur permirent pas comme aux Suisses de se séparer de l’empire.

1389. Sigismond, frère de Venceslas, acquiert de la gloire en Hongrie. Il n’y était que l’époux de la reine que les Hongrois