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SIGISMOND.

des noces. Il assiste avec pompe dans Presbourg au mariage d’un roi de Pologne, tandis que Ziska chasse son rival Coribut, et entre dans Prague en triomphe.

Ziska meurt d’une maladie contagieuse au milieu de son armée. Rien n’est plus connu que la disposition qu’on prétend qu’il fit de son corps en mourant. « Je veux qu’on me laisse en plein champ, dit-il ; j’aime mieux être mangé des oiseaux que des vers ; qu’on fasse un tambour de ma peau : on fera fuir nos ennemis au son de ce tambour[1]. »

Son parti ne meurt pas. Ce n’était pas Ziska, mais le fanatisme qui l’avait formé. Procope le Rasé succède à son gouvernement et à sa réputation.

1425-1426. La Bohême est divisée en plusieurs factions, mais toutes réunies contre l’empereur, qui ne peut se ressaisir des ruines de sa patrie. Coribut revient, et est déclaré roi. Procope fait la guerre à cet usurpateur et à Sigismond. Enfin l’empire fournit une armée de près de cent mille hommes à l’empereur, et cette armée est entièrement défaite. On dit que les soldats de Procope, qu’on appelait les Taborites, se servirent, dans cette grande bataille, de haches à deux tranchants, et que cette nouveauté leur donna la victoire.

1427. Pendant que l’empereur Sigismond est chassé de la Bohême, et que les étincelles sorties des cendres de Jean Hus embrasent ce pays, la Moravie et l’Autriche, les guerres entre le roi de Danemark et le Holstein continuent. Lubeck, Hambourg, Vismar, Stralsund, sont déclarées contre lui. Quelle était donc l’autorité de l’empereur Sigismond ? il prenait le parti du Danemark ; il écrivait à ces villes pour leur faire mettre bas les armes, et elles ne l’écoutaient pas.

Il semble avoir perdu son crédit comme empereur, ainsi qu’en qualité de roi de Bohême.

Il fait marcher encore une armée dans son pays, et cette armée est encore battue par Procope. Coribut, qui se disait roi de Bohême, est mis dans un couvent par son propre parti, et l’empereur n’a plus de parti en Bohême.

1426. On voit que Sigismond était très-mal secouru de l’empire, et qu’il ne pouvait armer les Hongrois. Il était chargé de titres et de malheurs. Il ouvre enfin dans Presbourg des conférences pour la paix avec ses sujets. Le parti nommé des orphelins,

  1. Voyez, dans la Correspondance, les lettres des 16 novembre et 4 décembre 1744.