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ANNALES DE L’EMPIRE.
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qui était le plus puissant à Prague, ne veut aucun accommodement, et répond qu’un peuple libre n’a pas besoin de roi.

1429-1430. Procope le Rasé, à la tête de son régiment de frères (semblable à celui que Cromwell forma depuis), suivi de ses orphelins, de ses taborites, de ses prêtres, qui portaient un calice, et qui conduisaient les calistins, continue à battre partout les Impériaux, La Misnie, la Lusace, la Silésie, la Moravie, l’Autriche, le Brandebourg, sont ravagés. Une grande révolution était à craindre. Procope se sert de retranchements de bagages avec succès contre la cavalerie allemande. Ces retranchements s’appellent des tabors. Il marche avec ces tabors ; il pénètre aux confins de la Franconie.

Les princes de l’empire ne peuvent s’opposer à ces irruptions ; ils étaient en guerre les uns contre les autres. Que faisait donc l’empereur ? il n’avait su que tenir un concile et laisser brûler deux prêtres.

Amurat II dévaste la Hongrie pendant ces troubles. L’empereur veut intéresser pour lui le duc de Lithuanie, et le créer roi ; il ne peut en venir à bout ; les Polonais l’en empêchent.

1421. Il demande encore la paix aux hussites ; il ne peut l’obtenir, et ses troupes sont encore battues deux fois. L’électeur de Brandebourg et le cardinal Julien, légat du pape, sont défaits la seconde fois, à Risemberg, d’une manière si complète que Procope parut être le maître de l’empire intimidé.

Enfin les Hongrois, qu’Amurat II laisse respirer, marchent contre le vainqueur, et sauvent l’Allemagne qu’ils avaient autrefois dévastée.

Les hussites, repoussés dans un endroit, sont formidables dans tous les autres. Le cardinal Julien, ne pouvant faire la guerre, veut un concile, et propose d’y admettre des prêtres hussites.

Le concile s’ouvre à Bâle le 23 mai[1].

1432. Les pères donnent aux hussites des sauf-conduits pour deux cents personnes.

Ce concile de Bâle, tenu sous Eugène IV, n’était qu’une prolongation de plusieurs autres indiqués par le pape Martin V, tantôt à Pavie, tantôt à Sienne. Les pères commencèrent par déclarer que le pape n’a ni le droit de dissoudre leur assemblée, ni même celui de la transférer, et qu’il leur doit être soumis sous peine de puni-

  1. Le 23 juillet, selon l’Art de vérifier les dates. La première session commença le 14 décembre suivant, et il ne finit qu’en mai 1443. Celui de Lausanne, en 1449, en fut la continuation.