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ANNALES DE L’EMPIRE.

1434. Si les princes de l’empire laissaient leur chef dans l’impuissance de se venger, ils ne négligeaient pas toujours le bien public. Louis de Bavière, duc d’Ingolstadt, ayant tyrannisé ses vassaux, abhorré de ses voisins, et n’étant pas assez puissant pour se défendre, est mis au ban de l’empire ; et il obtient sa grâce en donnant de l’argent à Sigismond.

L’empereur était alors si pauvre qu’il accordait les plus grandes choses pour les plus petites sommes.

Le dernier de la branche électorale de Saxe, de l’ancienne maison d’Ascanie, meurt sans enfants. Plusieurs parents demandent la Saxe : et il n’en coûte que cent mille florins au marquis de Misnie, Frédéric le Belliqueux, pour l’obtenir. C’est de ce marquis de Misnie, landgrave de Thuringe, que descend la maison de Saxe, si étendue de nos jours.

1435. L’empereur, retiré en Hongrie, négocie avec ses sujets de Bohême. Les états lui fixent des conditions auxquelles il pourra être reconnu, et, entre autres, ils demandent qu’il n’altère plus la monnaie. Cette clause fait sa honte, mais honte commune avec trop de princes de ces temps-là. Les peuples ne se sont soumis à des souverains ni pour être tyrannisés, ni pour être volés.

Enfin, l’empereur ayant accepté les conditions, les Bohémiens se soumettent à lui et à l’Église. Voilà un vrai contrat passé entre le roi et son peuple.

1436-1437. Sigismond rentre dans Prague, et y reçoit un nouvel hommage, comme tenant nouvellement la couronne du choix de la nation. Après avoir apaisé le reste des troubles, il fait reconnaître en Bohême le duc Albert d’Autriche, son gendre, pour héritier du royaume. C’est le dernier événement de sa vie, qui finit en décembre 1437.



ALBERT II D’AUTRICHE,


trente-huitième empereur.


1438. Il parut alors que la maison d’Autriche pouvait être déjà la plus puissante de l’Europe. Albert II, gendre de Sigismond, se vit roi de Bohême et de Hongrie, duc d’Autriche, souverain de beaucoup d’autres pays, et empereur. Il n’était roi de Hongrie et de Bohême que par élection ; mais, quand le père