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FRÉDÉRIC D’AUTRICHE.

triche viennoise ou Basse Autriche. Mais, sur le délai d’un payement de quatorze mille ducats, la guerre recommence entre les deux frères. Ils en viennent à une bataille, et l’empereur est battu.

Son ami Albert l’Achille, de Brandebourg, est aussi, malgré son surnom, battu par le duc de Bavière. Tous ces troubles intestins anéantissent la majesté de l’empire, et rendent l’Allemagne très-malheureuse.

1464. Autre avilissement encore. Il régnait toujours dans les nations un préjugé, que celui qui était possesseur d’un certain gage, d’un certain signe, avait de grands droits à un royaume. Dans le malheureux empire grec, un habit et des souliers d’écarlate suffisaient quelquefois pour faire un empereur. La couronne de fer de Monza[1] donnait des droits sur la Lombardie ; la lance et l’épée de Charlemagne, quand des rivaux se disputaient l’empire, attiraient un grand parti à celui qui s’était saisi de ces vieilles armes. En Hongrie, il fallait avoir une certaine couronne d’or. Cet ornement était dans le trésor de l’empereur Frédéric, qui ne l’avait jamais voulu rendre, en rendant aux Hongrois Ladislas son pupille.

Mathias Hunias redemande sa couronne d’or à l’empereur, et lui déclare la guerre.

Frédéric III rend enfin ce palladium de la Hongrie. On fait un traité qui ne ressemble à aucun traité. Mathias reconnaît Frédéric pour père, et Frédéric appelle Mathias son fils ; et il est dit que, si ce prétendu fils meurt sans enfants et sans neveux, lui prétendu père sera roi de Hongrie. Enfin le fils donne au père soixante mille écus.

1465-1466. C’était alors le temps des petitesses parmi les puissances chrétiennes. Il y avait toujours deux partis en Bohême, les catholiques et les hussites. Le roi George Podibrade, au lieu d’imiter les Scanderbeg et les Huniade, favorise les hussites contre les catholiques en Silésie, et le pape Paul II autorise la révolte des Silésiens par une bulle. Ensuite il excommunie Podibrade, il le prive du royaume. Ces indignes querelles privent la chrétienté d’un puissant secours. Mahomet II n’avait point de muphti qui l’excommuniât.

1467. Les catholiques de Bohême offrent la couronne de Bohême à l’empereur ; mais dans une diète à Nuremberg, la plupart des princes prennent le parti de Podibrade en présence du légat du pape ; et le duc Louis de Bavière-Landshut dit qu’au lieu de

  1. Voyez page 231.