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ANNALES DE L’EMPIRE.

Ils eurent au moins cette réputation jusqu’à la bataille de Marignan, que François Ier gagna contre eux avec sa gendarmerie, quand il voulut pour la première fois descendre en Italie.

L’art de la guerre fut plus approfondi sous Charles-Quint qu’il ne l’avait été encore. Ses grands succès, le progrès des beaux-arts en Italie, le changement de religion dans la moitié de l’Europe, le commerce des Grandes-Indes par l’Océan, la conquête du Mexique et du Pérou, rendent ce siècle éternellement mémorable.

1521. Diète de Vorms, fameuse par le rétablissement de la chambre impériale, qui ne subsistait plus que de nom.

Charles-Quint établit deux vicaires, non pas de l’empire, mais de l’empereur. Les vicaires-nés de l’empire sont Saxe et Palatin, et leurs arrêts sont irrévocables. Les vicaires de l’empereur sont des régents qui rendent compte au souverain. Ces régents furent son frère Ferdinand, auquel il avait cédé ses États d’Autriche, le comte palatin, et vingt-deux assesseurs.

Cette diète ordonne que les ducs de Brunsvick et de Lunebourg d’un côté, et les évêques d’Hildesheim et de Minden de l’autre, qui se faisaient la guerre, comparaîtront ; ils méprisent cet arrêt : on les met au ban de l’empire, et ils méprisent ce ban. La guerre continue entre eux. La puissance de Charles-Quint n’est pas encore assez grande pour donner de la force aux lois. Deux évêques armés et rebelles n’indisposent pas médiocrement les esprits contre l’Église et contre les biens de l’Église.

Luther vient à cette diète avec un sauf-conduit de l’empereur ; il ne craignait pas le sort de Jean Hus : les prêtres n’étaient pas les plus forts à la diète. On confère avec lui sans trop s’entendre : on ne convient de rien ; on le laisse paisiblement retourner en Saxe détruire la religion romaine. Le 6 mai, l’empereur donne un édit contre Luther absent, et ordonne, sous peine de désobéissance, à tout prince et État de l’empire d’emprisonner Luther et ses adhérents. Cet ordre était contre le duc de Saxe. On savait bien qu’il n’obéirait pas ; mais l’empereur, qui s’unissait avec le pape Léon X contre François Ier, voulait paraître catholique.

Il veut, dans cette diète, faire conclure une alliance entre l’empire et le roi de Danemark Christiern II, son beau-frère, et lui assurer des secours. Il règne toujours dans les grandes assemblées un sentiment d’horreur pour la tyrannie ; le cri de la nature s’y fait entendre, et l’enthousiasme de la vertu se communique. Toute la diète s’éleva contre une alliance avec un scélérat, teint du sang de quatre-vingt-quatorze sénateurs massacrés à ses yeux