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ANNALES DE L’EMPIRE.

1522. Charles va encore en Angleterre, reçoit à Windsor l’ordre de la Jarretière ; il promet d’épouser sa cousine Marie, fille de sa tante Catherine d’Aragon et de Henri VIII, que son fils Philippe épousa depuis. Il se soumet, par une clause étonnante, à payer cinq cent mille écus s’il n’épouse pas cette princesse. C’est la cinquième fois qu’il est promis sans être marié. Il partage la France en idée avec Henri VIII, qui compte alors faire revivre les prétentions de ses aïeux sur ce royaume.

L’empereur emprunte de l’argent du roi d’Angleterre. Voilà l’explication de cette énigme du dédit de cinq cent mille écus. Cet argent prêté aurait servi un jour de dot ; et ce dédit singulier est exigé de Henri VIII comme une espèce de caution.

L’empereur donne au cardinal-ministre Wolsey des pensions qui ne le dédommagent pas de la tiare.

Pourquoi le plus puissant empereur qu’on ait vu depuis Charlemagne est-il obligé d’aller demander de l’argent à Henri VIII comme Maximilien ? Il faisait la guerre vers les Pyrénées, vers la Picardie, en Italie, tout à la fois ; l’Allemagne ne lui fournissait rien ; l’Espagne peu de chose : les mines du Mexique ne faisaient pas encore un produit réglé ; les dépenses de son couronnement et des premiers établissements en tout genre furent immenses.

Charles-Quint est heureux partout. Il ne reste à François Ier dans le Milanais, que Crémone et Lodi, Gênes, qu’il tenait encore, lui est enlevée par les Impériaux. L’empereur permet que François Sforce, dernier prince de cette race, entre dans Milan.

Mais pendant ce temps-là même la puissance ottomane menace l’Allemagne, Les Turcs sont en Hongrie, Soliman, aussi redoutable que Sélim et Mahomet II, prend Belgrade, et de là il va au siége de Rhodes, qui capitule après un siége de trois mois.

Cette année est féconde en grands événements. Les états du Danemark déposent solennellement le tyran Christiern[1], comme on juge un coupable ; et en se bornant à le déposer, on lui fait grâce.

Gustave Vasa proscrit en Suède la religion catholique. Tout le Nord jusqu’au Véser est prêt de suivre cet exemple.

1523. Pendant que la guerre de controverse menace l’Allemagne d’une révolution, et que Soliman menace l’Europe chrétienne, les querelles de Charles-Quint et de François Ier font les malheurs de l’Italie et de la France.

Charles et Henri VIII, pour accabler François Ier, gagnent le

  1. Voyez tome XII, page 229.