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ANNALES DE L’EMPIRE.

souveraineté de Gueldre, et lui donne l’investiture de Clèves et de Juliers.

Il prend Cambrai, alors libre, que l’empire et la France se disputaient. Tandis que Charles se ligue avec le roi d’Angleterre pour accabler la France, François Ier appelle les Turcs une seconde fois. Chérédin, cet amiral des Turcs, vient à Marseille avec ses galères ; il va assiéger Nice avec le comte d’Enghien ; ils prennent la ville ; mais le château est secouru par les Impériaux, et Chérédin se retire à Toulon. La descente des Turcs ne fut mémorable que parce qu’ils étaient armés au nom du roi très-chrétien.

Dans le temps que Charles-Quint fait la guerre à la France, en Picardie, en Piémont, et dans le Roussillon, qu’il négocie avec le pape et avec les protestants ; qu’il presse l’Allemagne de se mettre en sûreté contre les invasions des Turcs, il a encore une guerre avec le Danemark.

Christiern II, retenu en prison par ceux qui avaient été autrefois ses sujets, avait fait Charles-Quint héritier de ses trois royaumes, qu’il n’avait point, et qui étaient électifs. Gustave Vasa régnait paisiblement en Suède. Le duc de Holstein avait été élu roi de Danemark en 1536. C’est ce roi de Danemark, Christiern III, qui attaquait l’empereur en Hollande avec une flotte de quarante vaisseaux ; mais la paix est bientôt faite. Ce Christiern III renouvelle avec ses frères, Jean et Adolphe, l’ancien traité qui regardait les duchés de Holstein et de Slesvick. Jean et Adolphe, et leurs descendants, devaient posséder ces duchés en commun avec les rois de Danemark.

Alors Charles assemble une grande diète à Spire, où se trouvent Ferdinand son frère, tous les électeurs, tous les princes catholiques et protestants. Charles-Quint et Ferdinand y demandent du secours contre les Turcs et contre le roi de France. On y donne à François Ier les noms de renégat, de barbare, et d’ennemi de Dieu.

Le roi de France veut envoyer des ambassadeurs à cette grande diète. Il dépêche un héraut d’armes pour demander un passeport. On met son héraut en prison.

La diète donne des subsides et des troupes ; mais ces subsides ne sont que pour six mois, et les troupes ne se montent qu’à quatre mille gendarmes, et vingt mille hommes de pied : faible secours pour un prince qui n’aurait pas eu de grands États héréditaires.

L’empereur ne put obtenir ce secours qu’en se relâchant beau-