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CHARLES-QUINT.

imposa des taxes sur ceux qu’il avait vaincus, et n’en exempta pas les villes qui l’avaient servi. On prétend qu’il en retira seize cent mille écus d’or.

Le roi des Romains, Ferdinand, punit de son côté les Bohémiens. On ôta aux citoyens de Prague leurs priviléges et leurs armes. Plusieurs furent condamnés à mort, d’autres à une prison perpétuelle. Les taxes et les confiscations furent immenses. Elles entrent toujours dans la vengeance des souverains.

Le concile de Trente s’était dispersé pendant ces troubles. Le pape voulait le transférer à Bologne.

L’empereur avait vaincu la ligue, mais non pas la religion protestante. Ceux de cette communion demandent, dans la diète d’Augsbourg, que les théologiens protestants aient voix délibérative dans le concile.

L’empereur était plus mécontent du pape que des théologiens protestants. Il ne lui pardonnait pas d’avoir rappelé les troupes de l’Église dans le plus fort de la guerre de Smalcalde. Il lui fit sentir son indignation au sujet de Parme et de Plaisance. Il avait souffert que le saint-père en donnât l’investiture à son bâtard dans le temps qu’il le voulait ménager ; mais quand il en fut mécontent, il se ressouvint que Parme et Plaisance avaient été une dépendance du Milanais, et que c’était à l’empereur seul à en donner l’investiture. Paul III, de son côté, alarmé de la puissance de Charles-Quint, négociait contre lui avec Henri II et les Vénitiens.

Dans ces circonstances, le fils du pape, odieux à toute l’Italie par ses crimes, est assassiné par des conjurés. L’empereur alors s’empare de Plaisance, qu’il ôte à son propre gendre, malgré sa tendresse de père pour Marguerite sa fille.

1548. L’empereur, brouillé avec le pape, en ménageait davantage les protestants. Ils avaient toujours voulu que le concile se tînt dans une ville d’Allemagne. Paul III venait de le transférer à Bologne. C’était encore un nouveau sujet de querelle, qui envenimait celle de Plaisance. D’un côté, le pape menaça l’empereur de l’excommunication s’il ne restituait cette ville ; et par là il donnait trop de prise sur lui aux protestants, qui relevaient comme il faut le ridicule de ces armes spirituelles, employées par un pape en faveur de ses fils ; de l’autre côté, Charles-Quint se faisait en quelque manière chef de la religion en Allemagne.

Il publie dans la diète d’Augsbourg, le 15 mai, le grand interim. C’est un formulaire de foi et de discipline. Les dogmes en étaient catholiques ; on y permettait seulement la communion