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ANNALES DE L’EMPIRE.

sans cesse contre les Turcs, et qui était l’avant-mur de l’Allemagne.

Maximilien, dès la première année de son règne, est obligé, comme son père et son aïeul, de soutenir la guerre contre les armées de Soliman.

Ce sultan, qui avait lassé les généraux de Charles-Quint et de Ferdinand, fait encore la guerre par ses lieutenants dans les dernières années de sa vie. La Transylvanie en était le prétexte ; il y voulait toujours nommer un vayvode tributaire, et Jean Sigismond, fils de cette reine de Hongrie qui avait cédé ses droits pour quelques villes en Silésie, était revenu mettre son héritage sous la protection du sultan, aimant mieux être souverain tributaire des Turcs que simple seigneur. La guerre se faisait donc en Hongrie. Les généraux de Maximilien prennent Tokai, au mois de janvier. L’électeur de Saxe, Auguste, était le seul prince qui secourût l’empereur dans cette guerre. Les princes catholiques et protestants songeaient tous à s’affermir. La religion occupait plus alors les peuples qu’elle ne les divisait. La plupart des catholiques, en Bavière, en Autriche, en Hongrie, en Bohême, en acceptant le concile de Trente, voulaient seulement qu’on leur permît de communier avec du pain et du vin. Les prêtres, à qui l’usage avait permis de se marier avant la clôture du concile de Trente, demandaient à garder leurs femmes. Maximilien II demande au pape ces deux points : Pie IV, à qui le concile avait abandonné la décision du calice, le permet aux laïques allemands, et refuse les femmes aux prêtres ; mais ensuite on a ôté le calice aux séculiers.

1565. On fait une trêve avec les Turcs qui restent toujours maîtres de Bude ; et le prince de Transylvanie demeure sous leur protection.

Soliman envoie le bâcha Mustapha assiéger Malte. Rien n’est plus connu que ce siége, où la fortune de Soliman échoua.

1566. Malgré l’affaiblissement du pouvoir impérial depuis le traité de Passau, l’autorité législative résidait toujours dans l’empereur, et cette autorité était en vigueur quand il n’avait pas affaire à des princes trop puissants.

Maximilien II déploie cette autorité contre le duc de Mecklenbourg Jean-Albert, et son frère Ulric. Ils prétendaient tous deux les mêmes droits sur la ville de Rostock. Les habitants prouvaient qu’ils étaient exempts de ces droits. Les deux frères se faisaient la guerre entre eux, et s’accordaient seulement à dépouiller les citoyens.