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ANNALES DE L’EMPIRE.

La cour de Louis XIII, faible et orageuse, semblait avoir des vues (supposé qu’elle en eût) toutes contraires aux desseins du grand Henri IV.

1620. Louis XIII envoie en Allemagne le duc d’Angoulême, à la tête d’une ambassade solennelle, pour offrir ses bons offices, au lieu d’y marcher avec une armée. Les princes, assemblés à Ulm, écoutent le duc d’Angoulême, et ne concluent rien ; la guerre en Bohême continue. Bethlem-Gabor se fait reconnaître roi en Hongrie, comme le palatin Frédéric V en Bohême. Un ambassadeur de la Porte et un de Venise favorisent cette révolution des états de Hongrie dans la ville de Neuhausel. On n’était pas accoutumé à voir ainsi les Turcs et les Vénitiens réunis ; mais Venise avait tant de démêlés avec la branche d’Autriche espagnole qu’elle déclarait ouvertement ses sentiments contre toute la maison.

Toute l’Europe était partagée dans cette querelle, mais plutôt par des vœux que par des effets, et l’empereur était bien mieux secondé en Allemagne que l’électeur palatin.

D’un côté, l’électeur de Saxe, déclaré pour l’empereur, entre dans la Lusace ; de l’autre, le duc de Bavière pénètre en Bohême avec une puissante armée, tandis que les armes de l’empereur résistent, au moins en Hongrie, contre Bethlem-Gabor.

Le palatin est attaqué à la fois et dans son nouveau royaume de Bohême, et dans son électorat. Henri-Frédéric de Nassau, frère, et depuis successeur de Maurice, le stathouder des Provinces-Unies, y combattait pour lui. Il y avait encore des Anglais ; mais contre lui était le célèbre Spinola, avec l’élite des troupes des Pays-Bas espagnols. Le Palatinat est ravagé. Une bataille décide en Bohême du sort de la maison d’Autriche et de la maison palatine.

Frédéric est entièrement défait le 19 novembre, auprès de Prague, par son parent Maximilien de Bavière. Il fuit d’abord en Silésie avec sa femme et deux de ses enfants, et perd en un jour les États de ses aïeux et ceux qu’il avait acquis.

1621. Le roi d’Angleterre Jacques négocie en faveur de son malheureux gendre aussi infructueusement qu’il s’était conduit faiblement.

L’empereur met l’électeur palatin au ban de l’empire, par un arrêt de son conseil aulique, le 20 janvier. Il proscrit le duc de Jagerndorff en Silésie, le prince d’Anhalt, les comtes de Hohenlohe, de Mansfeld, de La Tour, tous ceux qui ont pris les armes pour Frédéric.