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FERDINAND II.

Ce prince, vaincu, n’a pour lui que des intercesseurs, et point de vengeurs. Le roi de Danemark presse l’empereur d’user de clémence. Ferdinand n’en fait pas moins passer par la main du bourreau un grand nombre de gentilshommes bohémiens.

Un de ses généraux, le comte de Bucquoi, achève de soumettre ce qui reste de rebelles en Bohême, et de là il court assurer la haute Hongrie contre Bethlem-Gabor. Bucquoi est tué dans cette campagne, et Ferdinand s’accommode bientôt avec le Transylvain, auquel il cède un grand terrain, pour être plus sûr du reste.

Cependant l’électeur palatin se réfugie de Silésie en Danemark, et de Danemark en Hollande. Le duc de Bavière s’empare du haut Palatinat, tandis que le marquis de Spinola répand dans le Palatinat les troupes espagnoles, fournies par l’archiduc, gouverneur des Pays-Bas.

Le palatin n’avait pu obtenir de son beau-père le roi Jacques, et du roi du Danemark, que de bons offices et des ambassades inutiles à Vienne. Il n’obtenait rien de la France, dont l’intérêt était de prendre son parti. Ses seules ressources étaient alors dans deux hommes qui devaient naturellement l’abandonner. C’était le duc de Jagerndorff en Silésie, et le comte de Mansfeld dans le Palatinat, tous deux proscrits par l’empereur, et pouvant mériter leur grâce en quittant le parti du palatin. Ils firent pour lui des efforts incroyables. Mansfeld surtout fut toujours à la tête d’une petite armée, qu’il conserva malgré la puissance autrichienne. Elle n’avait pour toute solde que l’art de Mansfeld de faire la guerre en partisan habile, art assez en usage alors, dans un temps où l’on ne connaissait pas ces grandes armées toujours subsistantes, et où un chef résolu pouvait se maintenir quelque temps à la faveur des troubles, Mansfeld réveillait et encourageait les princes protestants voisins.

Christiern surtout, prince de Brunsvick, administrateur, ce qui, au fond, ne veut dire qu’usurpateur, de l’évêché d’Halberstadt, se joignit à Mansfeld. Ce Christiern s’intitulait Ami de Dieu et ennemi des prêtres ; il n’était pas moins ennemi des peuples dont il ravageait le territoire. Mansfeld et lui firent beaucoup de mal au pays, sans faire du bien à l’électeur palatin.

Les princes d’Orange et les Provinces-Unies, qui faisaient la guerre contre les Espagnols, aux Pays-Bas, étaient obligés d’y employer toutes leurs forces, et n’étaient pas en état de donner au palatin des secours efficaces. Son parti était accablé ; mais il ne laissait pas de donner de temps en temps de violentes se-