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FERDINAND II.

L’électeur palatin dépossédé vient l’y trouver, pour combattre avec son protecteur. Les Suédois vont jusqu’en Alsace. L’électeur de Saxe, de son côté, se rend maître de la capitale de la Bohême, et fait la conquête de la Lusace. Tout le parti protestant est en armes dans l’Allemagne, et profite des victoires de Gustave. Le comte de Tilly fuyait dans la Vestphalie avec les débris de son armée, renforcée des troupes que le duc de Lorraine lui amenait ; mais il ne faisait aucun mouvement pour s’opposer à tant de progrès rapides. L’empereur, tombé en moins d’une année de ce haut degré de grandeur qui avait paru si redoutable, eut enfin recours à ce duc de Valstein qu’il avait privé du généralat, et lui remit le commandement de ses troupes, avec le pouvoir le plus absolu qu’on ait jamais donné à un général, Valstein accepta le commandement, et on ne laissa à Tilly que quelques troupes pour se tenir au moins sur la défensive. La protection que le roi de Suède donnait à l’électeur palatin rendait à la vérité l’électeur de Bavière à l’empereur ; mais le Bavarois ne se rapprocha de Ferdinand, dans ces premiers temps critiques, que comme un prince qui le ménageait, et non comme un ami qui le défendait.

L’empereur n’avait plus de quoi entretenir ses nombreuses armées, qui l’avaient rendu si formidable ; elles avaient subsisté aux dépens des États catholiques et protestants, avant la bataille de Leipsick ; mais depuis ce temps il n’avait plus les mêmes ressources. C’était à Valstein à former, à recruter, et à conserver son armée comme il pouvait.

Ferdinand fut réduit alors à demander au pape Urbain VIII de l’argent et des troupes. On lui refusa l’un et l’autre. Il voulut engager la cour de Rome à publier une croisade contre Gustave ; le saint-père promit un jubilé au lieu d’une croisade.

1632. Cependant le roi de Suède repasse des bords du Rhin vers la Franconie. Nuremberg lui ouvre ses portes. Il marche à Donavert vers le Danube ; il rend à la ville son ancienne liberté, et la soustrait au domaine du duc de Bavière. Il met à contribution dans la Souabe tout ce qui appartient aux maisons d’Autriche et de Bavière. Il force le passage du Leck, malgré Tilly qui est blessé à mort dans la retraite. Il entre dans Augsbourg en vainqueur, et y rétablit la religion protestante. On ne peut guère pousser plus loin les droits de la victoire. Les magistrats d’Augsbourg lui prêtèrent serment de fidélité. Le duc de Bavière, qui alors était comme neutre, et qui n’était armé ni pour l’empereur ni pour lui-même, est obligé de quitter Munich, qui se rend au conquérant le 7 mai, et qui lui paye trois cent mille risdales pour