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ANNALES DE L’EMPIRE.

Le duc de Lorraine implore aussi la faveur de la France pour rentrer dans ses États ; on les lui rend, en retenant les villes de guerre : c’est encore un appui qu’on enlève à l’empereur.

Malgré tant de pertes, Ferdinand III résiste toujours : la Saxe, la Bavière, sont toujours dans son parti ; les provinces héréditaires lui fournissent des soldats. Torstenson défait encore en Silésie ses troupes commandées par l’archiduc Léopold, par le duc de Saxe-Lavembourg et Piccolomini ; mais cette victoire n’a point de suite ; il repasse l’Elbe, il rentre en Saxe, il assiége Leipsick : il gagne encore une Lataille signalée dans ce pays où les Suédois avaient toujours été vainqueurs. Léopold est vaincu dans les plaines de Breitenfelt le 2 novembre. Torstenson entre dans Leipsick le 15 décembre. Tout cela est funeste à la vérité pour la Saxe, pour les provinces de l’Allemagne ; mais on ne pénètre jamais jusqu’au centre, jusqu’à l’empereur ; et après plus de vingt défaites il se soutient.

Le cardinal de Richelieu meurt le 4 décembre ; sa mort donne des espérances à la maison d’Autriche.

1643. Les Suédois, dans le cours de cette guerre, étaient plusieurs fois entrés en Bohême, en Silésie, en Moravie, et en étaient sortis pour se rejeter vers les provinces de l’Occident. Torstenson veut entrer en Bohême, et n’en peut venir à bout, malgré toutes ses victoires.

On négocie toujours très-lentement à Hambourg, pendant qu’on fait la guerre vivement. Louis XIII meurt le 14 mai. L’empereur en est plus éloigné d’une paix générale ; il se flatte de détacher les Suédois de la France dans les troubles d’une minorité ; mais dans cette minorité de Louis XIV, quoique très-orageuse, il arriva la même chose que dans celle de Christine : la guerre continua aux dépens de l’Allemagne.

D’abord le parti de l’empereur se fortifie du duc de Lorraine, qui revient à lui après la mort de Louis XIII.

C’est encore une ressource pour Ferdinand que la mort du maréchal de Guébriant, qui est tué en assiégeant Rothveil ; c’est le quatrième grand général qui périt au milieu de ses victoires contre les Impériaux[1]. Le bonheur de l’empereur veut encore que le maréchal de Rantzau[2], successeur de Guébriant, soit défait à Dutlinge, en Souabe, par le général Merci.

Ces vicissitudes de la guerre retardent les conférences de la

  1. Voyez les années 1633, 1639, 1641.
  2. Rantzau ne fut nommé maréchal que le 16 juillet 1645.