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FERDINAND III.

paix à Munster et à Osnabruck, où le congrès était enfin fixé.

Ce qui contribue encore à faire respirer Ferdinand III, c’est que la Suède et le Danemark se font la guerre pour quelques vaisseaux que les Danois avaient saisis aux Suédois. Cet accident pouvait rendre la supériorité à l’empereur. Il montra quelles étaient ses ressources en faisant marcher Galias, à la tête d’un petit corps d’armée, au secours du Danemark. Mais cette diversion ne sert qu’à ruiner le Holstein, théâtre de cette guerre passagère, et c’est dans l’Allemagne une province de plus ravagée. Les hostilités entre la Suède et le Danemark surprirent d’autant plus l’Europe que le Danemark s’était porté pour médiateur de la paix générale. Il fut exclu, et dès lors Rome et Venise ont seules la médiation de cette paix encore très-éloignée.

Le premier pas que fait le comte d’Avaux, plénipotentiaire à Munster, pour cette paix, y met d’abord le plus grand obstacle. Il écrit aux princes, aux états de l’empire assemblés à Ratisbonne, pour les engager à soutenir leurs prérogatives, à partager avec l’empereur et les électeurs le droit de la paix et de la guerre. C’était un droit toujours contesté entre les électeurs et les autres états impériaux. Ces états insistaient à la diète sur leur droit d’être reçus aux conférences de la paix, comme parties contractantes : ils avaient en cela prévenu les ministres de France. Mais ces ministres se servirent dans leur lettre de termes injurieux à Ferdinand. Ils révoltèrent à la fois l’empereur et les électeurs ; ils les mirent en droit de se plaindre, et de faire retomber sur la France le reproche de la continuation des troubles de l’Europe.

Heureusement pour les plénipotentiaires de France, on apprend dans le même temps que le duc d’Enghien, le grand Condé, vient de remporter à Rocroi, sur l’armée d’Autriche espagnole, la plus mémorable victoire, et qu’il a détruit dans cette journée la célèbre infanterie castillane et valonne qui avait tant de réputation. Des plénipotentiaires soutenus par de telles victoires peuvent écrire ce qu’ils veulent.

1644. L’empereur pouvait au moins se flatter de voir le Danemark déclaré pour lui. On lui ôte encore cette ressource. Le cardinal Mazarin, successeur de Richelieu, se hâte de réunir le Danemark et la Suède. Ce n’est pas tout : le roi de Danemark s’engage encore à ne secourir aucun des ennemis de la France.

Les négociations et la guerre sont également malheureuses pour les Autrichiens. Le duc d’Enghien, qui avait vaincu les Espagnols l’année précédente, donne vers Fribourg trois combats