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ANNALES DE L’EMPIRE.

Pendant ces premières négociations, le maréchal de Turenne, par une marche imprévue et hardie, se joint à l’armée suédoise vers le Necker, à la vue de l’archiduc Léopold. Il s’avance jusqu’à Munich, et augmente les alarmes de l’Autriche. Un autre corps de Suédois va encore ravager la Silésie ; mais toutes ces expéditions ne sont que des courses. Si la guerre s’était faite pied à pied, sous un seul chef qui eût suivi toujours opiniâtrement le même dessein, l’empereur n’eût pas été en état, dans ce temps-là même, de faire couronner son fils aîné Ferdinand à Prague, au mois d’auguste, et ensuite à Presbourg. Ce jeune roi mourut ensuite sans jouir de ces États[1]. D’ailleurs, son père ne pouvait donner alors que des trônes bien chancelants.

1647. L’empereur, en voulant assurer des royaumes à son fils, paraît plus que jamais près de tout perdre. L’électeur de Saxe avait été forcé, par les malheurs de la guerre, de l’abandonner. L’électeur Maximilien de Bavière, son beau-frère, est enfin obligé d’en faire autant. L’électeur de Cologne suit cet exemple. Ils signent un traité de neutralité avec la France. Le maréchal de Turenne met aussi l’électeur de Mayence dans la nécessité de prendre ce parti. Le landgrave de Hesse-Darmstadt fait le même traité par la même crainte. L’empereur reste seul, et aucun prince n’ose prendre sa querelle. Exemple unique jusque-là dans une guerre de l’empire.

Alors un nouveau général suédois, Vrangel, qui avait succédé à Torstenson, prend Égra. La Bohême, tant de fois saccagée, l’est encore. Le danger parut si grand que l’électeur de Bavière, malgré son grand âge et le péril où il mettait ses États, ne put laisser le chef de l’empire sans secours, et rompit son traité avec la France. La guerre se faisait toujours dans plusieurs endroits à la fois, selon qu’on y pouvait subsister. Au moindre avantage qu’avait l’empereur, ses ministres au congrès demandaient des conditions favorables ; mais au moindre échec ils essuyaient des propositions plus dures.

1648. Le retour du duc de Bavière à la maison d’Autriche n’est pas heureux. Turenne et Vrangel battent ses troupes et les autrichiennes à Summerhausen et à Lavingen, près du Danube, malgré la belle résistance d’un prince de Virtemberg, et de ce Montécuculli qui était déjà digne d’être opposé à Turenne. Le vainqueur s’empare de la Bavière ; l’électeur se réfugie à Saltzbourg.

En même temps le comte de Kœnigsmarck, à la tête des Sué-

  1. Ferdinand IV mourut le juillet 1654.