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ANNALES DE L’EMPIRE.

est celui dont l’éclat fait disparaître tous les autres devant lui ; mais, lassé des secousses continuelles de sa vie et fatigué des tourments d’une administration si épineuse, plus encore que détrompé du néant des grandeurs, il alla cacher dans une retraite une vieillesse prématurée.

Nous avons vu depuis peu un empereur[1], plein de qualités respectables, essuyer les plus violents revers de la fortune, tandis que la nature le conduisait au tombeau par des maladies cruelles au milieu de sa carrière.

  1. Charles VII, fils et successeur, comme électeur de Bavière, en 1726, de Maximilien-Marie Emmanuel, sous le nom de Charles-Albert ; mort le 20 janvier 1745, dans sa quarante-huitième année, après trois ans de règne comme empereur. D’après la manière de compter de Voltaire, Charles VII est le cinquante et unième empereur. Voici la liste des autres jusqu’à nos jours :

    LIIe empereur. François-Étienne de Lorraine, né à la fin de 1708, marié en 1736, à Marie-Thérèse ; élu empereur le 13 septembre 1745, sous le nom de François Ier, mort le 18 auguste 1765. Voltaire lui adressa une épître en vers en 1756. (Voyez tome X, page 367.)

    LIIIe. Joseph II, fils du précédent et son successeur immédiat, ne commença vraiment à régner que le 29 novembre 1780, après la mort de Marie-Thérèse, sa mère. Ce prince, qui connaissait trop bien les jésuites pour leur accorder aucune confiance, et qui diminua singulièrement le nombre des moines dans ses États catholiques, a été l’objet des sarcasmes de quelques historiens, chauds partisans de la puissance temporelle des papes. Joseph II, beau-frère de l’infortuné Louis XVI, était né le 13 mars 1741 ; il est mort sans enfants le 20 février 1790.

    LIVe. Léopold II, frère de Joseph II et son successeur, a été accusé de philosophie, mais moins que son frère aîné. Il poussa la philosophie jusqu’à se montrer tolérant envers les Juifs : ce qui vaut mieux que les brûler, comme on fait aujourd’hui (1826) en Espagne ; mort au commencement de 1792.

    LVe. François II, élu empereur d’Allemagne sous ce nom, le 1er mars 1792, est le fils de Léopold II. Ayant pris le titre d’empereur héréditaire d’Autriche en 1804, il fut obligé, le 6 auguste 1806, de renoncer à la couronne d’empereur d’Allemagne et à celle de roi des Romains ; et ce fut à cette dernière époque qu’il prit le nom de François Ier. Ce prince est né en 1768, le 12 février, dix-huit mois avant son gendre Napoléon.

    Ainsi cinquante-cinq empereurs ont régné en Allemagne dans un intervalle d’environ mille six ans, depuis le couronnement de Charlemagne jusqu’au jour où François II prit le nom de François Ier, comme empereur d’Autriche. (Cl.)

    — Le recez de l’empire, du 25 février 1803, apporta de notables changements. La dignité électorale fut accordée à l’archiduc grand-duc de Saltzbourg, au margrave de Bade, au duc de Wurtemberg, au landgrave de Hesse-Cassel. Les électorats de Cologne et de Trêves se trouvèrent supprimés. L’empereur ayant, en 1804, déposé la couronne impériale allemande, il y eut une organisation sous le titre de Confédération du Rhin. Napoléon Bonaparte en fut le protecteur. Cette confédération fut détruite par suite des événements de 1814. Il existe aujourd’hui une Confédération germanique dont les affaires sont confiées à une diète permanente, où figurent, avec le titre de rois, cinq seulement des huit électeurs (Bohême, Prusse, Hanovre, Saxe, Bavière). Les trois électorats ecclésiastiques ont été supprimés. Quatre villes libres (Lubeck, Francfort-sur-le-Mein, siége de la diète, Drôme et Hambourg) ont ensemble une seule voix à la diète, et chacune une voix à l’assemblée générale,