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ÉCRIVAINS FRANÇAIS

ou défigurées par la malignité ; d’ailleurs, cette multitude de petits faits n’est guère précieuse qu’aux petits esprits. Mort en 1672.

Patin (Charles), né à Paris en 1633, fils de Guy Patin. Ses ouvrages sont lus des savants, et les Lettres de son père le sont des gens oisifs. Charles Patin, très-savant antiquaire, quitta la France, et mourut professeur en médecine à Padoue en 1693.

Patru (Olivier), né à Paris en 1604, le premier qui ait introduit la pureté de la langue dans le barreau. Il reçut dans sa dernière maladie une gratification de Louis XIV, à qui l’on dit qu’il n’était pas riche. Mort en 1681.

Pavillon (Étienne), né à Paris en 1632, avocat général au parlement de Metz, connu par quelques poésies écrites naturellement. Mort en 1705.

Pellisson-Fontanier (Paul), né calviniste à Béziers en 1624 ; poëte médiocre à la vérité, mais homme très-savant et très-éloquent ; premier commis et confident du surintendant Fouquet ; mis à la Bastille en 1661. Il y resta quatre ans et demi, pour avoir été fidèle à son maître. Il passa le reste de sa vie à prodiguer des éloges au roi, qui lui avait ôté sa liberté : c’est une chose qu’on ne voit que dans les monarchies. Beaucoup plus courtisan que philosophe, il changea de religion, et fit sa fortune. Maître des comptes, maître des requêtes, et abbé, il fut chargé d’employer le revenu du tiers des économats à faire quitter aux huguenots leur religion, qu’il avait quittée. Son Histoire de l’Académie fut très-applaudie. On a de lui beaucoup d’ouvrages, des Prières pendant la messe, un Recueil de pièces galantes, un Traité sur l’Eucharistie, beaucoup de vers amoureux à Olympe. Cette Olympe était Mlle Desvieux, qu’on prétend avoir épousé le célèbre Bossuet avant qu’il entrât dans l’Église[1]. Mais ce qui a fait le plus d’honneur à Pellisson, ce sont ses excellents discours pour M. Fouquet, et son Histoire de la conquête de la Franche-Comté. Les protestants ont prétendu qu’il était mort avec indifférence ; les catholiques ont soutenu le contraire, et tous sont convenus qu’il mourut sans sacrements. Mort en 1693.

Perrault (Claude), né à Paris en 1613[2]. Il fut médecin, mais il n’exerça la médecine que pour ses amis. Il devint, sans aucun maître, habile dans tous les arts qui ont rapport au dessin, et dans les mécaniques. Bon physicien, grand architecte, il encouragea les arts sous la protection de Colbert, et eut de la réputation

  1. Voyez page 43.
  2. Le 12 janvier 1628, suivant ses Mémoires, publiés par Patte, 1769, in-12.