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NOTES SUR LES REMARQUES DE LA MOTRAYE.


Les nerfs et la force dépendent du style, et non de la vérité. On peut mentir avec force, et dire la vérité ennuyeusement.

IV. Dans le premier livre de votre histoire… vous faites gagner au czar Pierre Ier, en 1697, la bataille d’Azof sur les Turcs, et leur enlever cette ville (la clef de l’empire ottoman), qui se rendit par capitulation le 28e de juillet 1695 ; vous lui faites quitter, en 1678, la Moscovie pour sa grande ambassade ; cette ambassade partit en 1697.

M. de La Motraye se trompe. Azof se rendit le 27 juin 1696. À l’égard de la date de 1678, il n’y a personne qui ne sente que c’est une faute d’impression. Cette faute a été corrigée dans les dernières éditions de l’Histoire de Charles XII.

V. Ce qui me surprend, c’est que vous n’avez pas corrigé dans cette édition (la deuxième de Paris) ce que vous dites de M. Le Fort, qu’il était fils d’un Français réfugié à Genève, et qu’il alla d’abord chercher de l’emploi dans les troupes moscovites.

Cette erreur a été corrigée dans plusieurs éditions. M. de La Motraye devrait les avoir lues, puisque cette critique est imprimée après la quatrième édition débitée en France du livre de M. de Voltaire.

VI. M. Le Fort était d’une famille genevoise partagée entre la magistrature et le commerce… Son père l’envoya chez M. Franconis, fameux négociant de cette ville (Amsterdam).

Jamais M. de Voltaire n’avait eu dessein d’écrire l’histoire de M. Le Fort, ni celle de M. Franconis.

VII. Ce prince (le czar Pierre) ayant un jour remarqué le respect avec lequel Le Fort se tenait derrière la chaise de son maître (l’ambassadeur de Suède) pendant le dîner, et l’envisageant, fut frappé de son bon air et de sa physionomie ; et comme il servait d’interprète et parlait bon russien, Sa Majesté lui demanda de quelle nation il était, et où il avait appris cette langue, et lui fit d’autres questions auxquelles il répondit d’une manière satisfaisante. Le czar en fut charmé, et lui demanda s’il voulait entrer à son service.

C’est au lecteur à décider si ces circonstances étaient bien nécessaires à l’Histoire de Charles XII.

VIII. Le czar en fut si satisfait de l’habillement de Le Fort, qu’il dit qu’il voulait en avoir de semblables pour une compagnie de cinquante hommes, dont il le ferait capitaine, et la faire discipliner à la manière des