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NOTES SUR LES REMARQUES DE LA MOTRAYE.


XXX. Le comte Piper, que vous faites mourir à Moscou, mourut à Slutelbourg…

Cette faute, si peu essentielle, a été déjà reconnue et corrigée dans une édition d’Angleterre et dans une édition de Hollande.

XXXI. Au reste, les luthériens, bien loin d’être prédestinateurs comme vous le supposez, ont en horreur les calvinistes et les autres chrétiens qui croient la prédestination… Mais on vous pardonnera aisément cette faute, si on fait réflexion que vous avez plus étudié l’ancienne mythologie que les systèmes des théologiens.

M. de Voltaire connaît les mythologies anciennes et nouvelles, et leur rend la justice qu’elles méritent ; il sait que Luther était prédestinateur outré, et que les luthériens l’ont abandonné sur cet article. Il a dit que la prédestination était un principe de Charles XII, mais il n’a pas dit que ce fût le dogme des ministres luthériens.

XXXII. Vous dites que le général Poniatowski trouva moyen de faire parvenir à la sultane Validé (ou sultane mère) une lettre de Charles XII. Cette lettre, celles que vous faites écrire par la Validé à ce général de sa propre main, le récit que vous faites faire par M. Bru des exploits de ce héros au chef des eunuques…, tout cela ne peut que paraître romanesque à ceux qui ont quelque connaissance du génie des Turcs…

L’auteur conserve et déposera dans une bibliothèque publique la lettre de M. de Poniatowski, dans laquelle on trouve ces propres paroles : Si je retrouve quelques lettres de la sultane Validé, je vous les enverrai par madame de ***. Le sieur de La Motraye peut, s’il veut, donner un démenti à M. de Poniatowski, pour avoir le plaisir d’écrire.

XXXIII. Les Grands Seigneurs ne se mariant jamais, et ne prenant que des concubines à qui on n’apprend point à écrire.

Cela est très-faux ; il n’y a point de femme à qui on n’apprenne à lire et à écrire.

XXXIV. M. Bru était mon bon ami, et m’a fourni quelques mémoires : il connaissait trop bien l’indifférence des Turcs sur ce que font les chrétiens pour avoir dit qu’ils se plaisaient à en faire le sujet de leurs entretiens.

Les Turcs peuvent avoir beaucoup d’indifférence pour ce que font les chrétiens en France et à Rome, mais non pas pour ce que faisait chez eux un roi qui faisait déposer tant de vizirs.