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NOTES SUR LES REMARQUES DE LA MOTRAYE.


XXXV. Les mécontents qui, en 1703, élevèrent sur le trône, à la place de Mustapha Achmet, son frère dernier déposé, exigèrent de lui, à ce qu’on a dit, qu’il ne donnerait aucune part dans les affaires de l’empire à la sultane sa mère ; et depuis je n’ai ouï dire à personne qu’elle s’en soit mêlée.

M. de Poniatowski, M. Fabrice, M. de Fierville, M. de Villelongue, peuvent savoir des choses que M. de La Motraye ne sait pas.

XXXVI. Il est aussi incertain que le czar ait demandé Mazeppa à la Porte, qu’il l’est que le vizir qui pouvait le forcer, au Pruth, à lui livrer Cantemir, l’ait demandé.

Cela est très-certain ; on en a la preuve dans les manuscrits qu’on déposera.

XXXVII. La fiole de poison destinée par les Moscovites pour le général Poniatowski, que vous faites porter au Grand Seigneur, n’a pas plus de fondement, et n’a été tout au plus qu’une invention pour les rendre odieux aux Turcs.

Le sieur de La Motraye, qui n’y était pas, dément encore M. de Poniatowski, et sera bien surpris quand il verra sa lettre.

XXXVIII. Vous attribuez avec aussi peu de fondement à Charles XII la déposition des vizirs qu’il croyait lui être contraires.

Il est faux que M. de Voltaire attribue la déposition de tous les vizirs à Charles XII et à son parti.

XXXIX. Vous faites Baltagi Mehemet vizir par une intrigue de sa femme, vous le déposez par une autre, et vous le refaites vizir par une troisième intrigue de la même femme. Cependant il n’a jamais été vizir qu’une fois.

Il a été vizir deux fois. Il était pacha d’Alep après son premier viziriat, comme le savent et l’attestent tous nos négociants d’Alep.

XL. Vous lui faites dire au Grand Seigneur, en recevant le sabre : « Ta Hautesse sait que j’ai été élevé à me servir d’une hache pour fendre du bois, et non d’une épée pour commander tes armées : je tâcherai de te servir ; mais si je ne réussis pas, souviens-toi que je t’ai supplié de ne me le point imputer. » Le sultan, ajoutez-vous, l’assura de son amitié, et le vizir se prépara à obéir. On met ce dialogue avec la réponse suivante que vous faites faire par le grand vizir déposé Couprougli Oglou au Grand Seigneur...

On a des preuves par écrit de tout ce qu’on a avancé dans l’Histoire de Charles XII. Les doutes de M. de La Motraye, qui n’a pu ni tout voir ni tout entendre, et qui n’a vu ni entendu que de