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ALMANACH.

cette époque arrivait souvent en avril ; leur pentecôte, cinquante jours après le phasé ; la fête des cornets ou trompettes, le premier jour de juillet ; celle des tabernacles, au quinze du même mois ; et celle du grand sabbat, sept jours après.

Les premiers chrétiens suivirent le comput de l’empire ; ils comptèrent par kalendes, nones et ides, avec leurs maîtres ; ils reçurent l’année bissextile que nous avons encore, qu’il a fallu corriger dans le XVIe siècle de notre ère vulgaire, et qu’il faudra corriger un jour ; mais ils se conformèrent aux Juifs pour la célébration de leurs grandes fêtes.

Ils déterminèrent d’abord leur pâque au quatorze de la lune rousse, jusqu’au temps où le concile de Nicée la fixa au dimanche qui suivait. Ceux qui la célébraient le quatorze furent déclarés hérétiques, et les deux partis se trompèrent dans leur calcul.

Les fêtes de la sainte Vierge furent substituées, autant qu’on le put, aux nouvelles lunes ou néoménies ; l’auteur du Calendrier romain dit[1] que la raison en est prise du verset des cantiques pulchra ut luna[2], belle comme la lune. Mais par cette raison ses fêtes devaient arriver le dimanche : car il y a dans le même verset electa ut sol[3], choisie comme le soleil.

Les chrétiens gardèrent aussi la Pentecôte. Elle fut fixée comme celle des Juifs, précisément cinquante jours après Pâques. Le même auteur prétend que les fêtes de patrons remplacèrent celles des tabernacles.

11 ajoute que la Saint-Jean n’a été portée au 24 de juin que parce que les jours commencent alors à diminuer, et que saint Jean avait dit[4], en parlant de Jésus-Christ : « Il faut qu’il croisse et que je diminue. Oportet illum crescere, me autem minui. »

Ce qui est très singulier, et ce qui a été remarqué ailleurs[5], c’est cette ancienne cérémonie d’allumer un grand feu le jour de la Saint-Jean, qui est le temps le plus chaud de l’année. On a prétendu que c’était une très vieille coutume pour faire souvenir de l’ancien embrasement de la terre qui en attendait un second.

Le même auteur du calendrier assure que la fête de l’Assomption est placée au 15 du mois d’auguste, nommé par nous août, parce que le soleil est alors dans le signe de la vierge.

  1. Voyez le Calendrier romain, page 101 et suiv. (Note de Voltaire.)
  2. Cantique des cantiques, vi, 9.
  3. Ibid., id.
  4. III, 30.
  5. Dans l’Homme aux quarante écus, chapitre x.