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APOCRYPHES.

est très-remarquable ; il prétend que saint Pierre le déclara évêque de Rome avant sa mort, et son coadjuteur ; qu’il lui imposa les mains, et qu’il le fit asseoir dans sa chaire épiscopale, en présence de tous les fidèles. « Ne manquez pas, lui dit-il, d’écrire à mon frère Jacques dès que je serai mort. »

Cette lettre semble prouver qu’on ne croyait pas alors que saint Pierre eût été supplicié, puisque cette lettre attribuée à saint Clément aurait probablement fait mention du supplice de saint Pierre. Elle prouve encore qu’on ne comptait pas Clet et Anaclet parmi les évêques de Rome.

XXIV.

Homélies de saint Clément, au nombre de dix-neuf[1]. Il raconte, dans sa première Homélie, ce qu’il avait déjà dit dans les Reconnaissances, qu’il était allé chercher saint Pierre avec saint Barnabé à Césarée, pour savoir si l’âme est immortelle, et si le monde est éternel.

On lit dans la seconde Homélie, n° 38, un passage bien plus extraordinaire ; c’est saint Pierre lui-même qui parle de l’Ancien Testament, et voici comme il s’exprime :

« La loi écrite contient certaines choses fausses contre la loi de Dieu, créateur du ciel et de la terre : c’est ce que le diable a fait pour une juste raison, et cela est arrivé aussi par le jugement de Dieu, afin de découvrir ceux qui écouteraient avec plaisir ce qui est écrit contre lui, etc., etc. »

Dans la sixième Homélie, saint Clément rencontre Apion, le même qui avait écrit contre les Juifs, du temps de Tibère ; il dit à Apion qu’il est amoureux d’une Égyptienne, et le prie d’écrire une lettre en son nom à sa prétendue maîtresse, pour lui persuader, par l’exemple de tous les dieux, qu’il faut faire l’amour. Apion écrit la lettre, et saint Clément fait la réponse au nom de l’Égyptienne ; après quoi il dispute sur la nature des dieux.

XXV.

Deux Épitres de saint Clément aux Corinthiens[2]. Il ne paraît pas juste d’avoir rangé ces épîtres parmi les apocryphes. Ce qui a pu engager quelques savants à ne les pas reconnaître, c’est qu’il y est parlé du « phénix d’Arabie qui vit cinq cents ans, et qui se brûle en Égypte dans la ville d’Héliopolis ». Mais il se peut très-bien

  1. Sont aussi dans le recueil de Cotelier.
  2. Idem.