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INQUISITION.

monie, parce que l’inquisiteur fera un sermon sur la foi, et que les assistants y gagneront les indulgences accoutumées. »

Ces indulgences sont ainsi énoncées après la formule de sentence contre l’hérétique pénitent : « L’inquisiteur accordera quarante jours d’indulgences à tous les assistants, trois ans à ceux qui ont contribué à la capture, à l’abjuration, à la condamnation, etc., de l’hérétique ; et enfin trois ans aussi, de la part de notre saint-père le pape, à tous ceux qui dénonceront quelque autre hérétique. »

Page 332 : « Lorsque le coupable aura été livré à la justice séculière, celle-ci prononcera sa sentence, et le criminel sera conduit au lieu du supplice : des personnes pieuses l’accompagneront, l’associeront à leurs prières, prieront avec lui, et ne le quitteront point qu’il n’ait rendu son âme à son Créateur. Mais elles doivent bien prendre garde de rien dire ou de rien faire qui puisse hâter le moment de sa mort, de peur de tomber dans l’irrégularité. Ainsi ne doit-on point exhorter le criminel à monter sur l’échafaud, ni à se présenter au bourreau, ni avertir celui-ci de disposer les instruments du supplice de manière que la mort s’ensuive plus promptement et que le patient ne languisse point, toujours à cause de l’irrégularité. »

Page 335 : « S’il arrivait que l’hérétique, prêt à être attaché au pieu pour être brûlé, donnât des signes de conversion, on pourrait peut-être le recevoir par grâce singulière, et l’enfermer entre quatre murailles comme les hérétiques pénitents, quoiqu’il ne faille pas ajouter beaucoup de foi à une pareille conversion, et que cette indulgence ne soit autorisée par aucune disposition du droit ; mais cela est fort dangereux : j’en ai vu un exemple à Barcelone. Un prêtre, condamné avec deux autres hérétiques impénitents, et déjà au milieu des flammes, cria qu’on le retirât, et qu’il voulait se convertir : on le retira en effet déjà brûlé d’un côté ; je ne dis pas qu’on ait bien ou mal fait : ce que je sais, c’est que quatorze ans après on s’aperçut qu’il dogmatisait encore, et qu’il avait corrompu beaucoup de personnes ; on l’abandonna donc une autre fois à la justice, et il fut brûlé. »

Personne ne doute, dit Pegna, scolie 47, qu’il ne faille faire mourir les hérétiques ; mais on peut demander quel genre de supplice il convient d’employer. Alfonse de Castro, livre II, de la Juste Punition des hérétiques, pense qu’il est assez indifférent de les faire périr par l’épée, ou par le feu, ou par quelque autre supplice ; mais Hostiensis, Godofredus, Covarruvias, Simancas, Roxas, etc., soutiennent qu’il faut absolument les brûler. En effet, comme