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ACTE IV, SCÈNE VII.


Corasmin, écoutez… dès que la nuit plus sombre
Aux crimes des mortels viendra prêter son ombre,
Sitôt que ce chrétien chargé de mes bienfaits,
Nérestan, paraîtra sous les murs du palais,
Ayez soin qu’à l’instant ma garde le saisisse ;
Qu’on prépare pour lui le plus honteux supplice,
Et que chargé de fers il me soit présenté.
Laissez, surtout, laissez Zaïre en liberté.
Tu vois mon cœur, tu vois à quel excès je l’aime !
Ma fureur est plus grande, et j’en tremble moi-même.
J’ai honte des douleurs où je me suis plongé ;
Mais malheur aux ingrats m’auront outragé[1] !

FIN DU QUATRIÈME ACTE.
  1. L’acteur qui joua le mieux le rôle d’Orosmane fut Lekain. On sait qu’il n’avait aucun avantage extérieur ; mais les femmes ne s’écriaient pas moins en entendant l’amant de Zaïre : « Comme il est beau ! » C’est après avoir joué ce rôle à la cour qu’il eut son ordre de réception. On voulut prévenir Louis XV contre lui ; mais Louis XV, étonné de cette opposition, dit : « Il m’a fait pleurer, moi, qui ne pleure guère. » Et Lekain fut admis sur ce mot. (G. A.)