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SUPERSTITION.

1771 de notre ère vulgaire. Rien n’est plus authentique ; cet imprimé est revêtu de toutes les formes légales. Lisez.

Récit surprenant sur l’apparition visible et miraculeuse de notre seigneur Jésus-Christ au saint sacrement de l’autel, qui s’est faite par la toute-puissance de Dieu, dans l’église paroissiale de Paimpole, près Tréguier, en Basse-Bretagne, le jour des Rois.

Le 6 janvier 1771, jour des Rois, pendant qu’on chantait le salut, on vit des rayons de lumière sortir du saint sacrement, et l’on aperçut à l’instant notre Seigneur Jésus en figure naturelle, qui parut plus brillant que le soleil, et qui fut vu une demi-heure entière, pendant laquelle parut un arc-en-ciel sur le faîte de l’église. Les pieds de Jésus restèrent imprimés sur le tabernacle, où ils se voient encore, et il s’y opère tous les jours plusieurs miracles. À quatre heures du soir, Jésus ayant disparu de dessus le tabernacle, le curé de ladite paroisse s’approcha de l’autel, et y trouva une lettre que Jésus y avait laissée : il voulut la prendre ; mais il lui fut impossible de la pouvoir lever. Ce curé, ainsi que le vicaire, en furent avertir monseigneur l’évêque de Tréguier, qui ordonna dans toutes les églises de la ville les prières de quarante heures pendant huit jours, durant lequel temps le peuple allait en foule voir cette sainte lettre. Au bout de la huitaine, monseigneur l’évêque y vint en procession, accompagné de tout le clergé séculier et régulier de la ville, après trois jours de jeûne au pain et à l’eau. La procession étant entrée dans l’église, monseigneur l’évêque se mit à genoux sur les degrés de l’autel ; et après avoir demandé à Dieu la grâce de pouvoir lever cette lettre, il monta à l’autel, et la prit sans difficulté : s’étant ensuite tourné vers le peuple, il en fit la lecture à haute voix, et recommanda, à tous ceux qui savaient lire, de lire cette lettre tous les premiers vendredis de chaque mois ; et à ceux qui ne savaient pas lire, de dire cinq Pater et cinq Ave en l’honneur des cinq plaies de Jésus-Christ, afin d’obtenir les grâces promises à ceux qui la liront dévotement, et la conservation des biens de la terre. Les femmes enceintes doivent dire, pour leur heureuse délivrance, neuf Pater et neuf Ave en faveur des âmes du purgatoire, afin que leurs enfants aient le bonheur de recevoir le saint sacrement de baptême.

Tout le contenu en ce récit a été approuvé par monseigneur l’évêque, par M. le lieutenant général de ladite ville de Tréguier, et par plusieurs personnes de distinction qui se sont trouvées présentes à ce miracle.