Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome22.djvu/307

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
289
ET SUR SA PROPAGATION.

cent, quand la surface est devenue plus large, et que le feu dont il était pénétré s’est échappé pendant plus de six heures.

Cette augmentation de volume et cette perte de sa substance devraient concourir à le faire peser bien moins ; l’air dans lequel on le pèse froid, étant alors plus dense, devrait diminuer encore un peu le poids de ce métal ; malgré tout cela, ce métal pèse toujours beaucoup plus étant refroidi qu’en fusion.

Or, en fusion, il contenait incomparablement plus de feu qu’étant refroidi : donc il semble qu’on doive conclure que cette prodigieuse quantité de feu n’avait aucune pesanteur ; donc il est très-possible que cette augmentation de poids soit venue de la matière répandue dans l’atmosphère[1] ; donc, dans toutes les autres opérations par lesquelles les matières calcinées acquièrent du poids, cette augmentation de substance pourrait aussi leur être venue de la même cause, et non de la matière ignée. Toutes ces considérations m’obligent à respecter l’opinion que le feu ne pèse point.

Mais, d’un autre côté, je considère que cette augmentation apparente de volume dans le fer, lorsque de fondu il devient solide, est due très-vraisemblablement à la dilatation des vases et des moules dans lesquels on le répand, qui se contractent avant que le fer se soit resserré ; et, si cela est, je conclus que le fer en fusion, dilaté, doit en effet peser spécifiquement moins, et solide, doit peser en raison de son volume.

J’observe aussi qu’il en est de même de tous les métaux en fusion, qu’ils doivent tous peser solides plus que fluides, sans que cet excès de pesanteur dans les métaux refroidis vienne d’aucune addition de matière étrangère.

Je vois que si le plomb, l’étain, le cuivre, etc., pèsent moins en fusion que refroidis, ils acquièrent au contraire du poids dans la calcination.

Maintenant de deux choses l’une : ou dans cette calcination la matière acquiert un moindre volume, conservant la même masse, et alors par cela seul elle doit peser un peu davantage ; ou bien, sans avoir un moindre volume, elle acquiert plus de masse : ce surplus de masse lui vient ou du feu ou de quelque autre matière. Il n’est pas probable que cent livres de plomb acquièrent dix livres de feu. Il n’y a peut-être pas dix livres de

  1. Voltaire pressent la vérité. À l’époque où il écrivait, plusieurs chimistes avaient ainsi expliqué l’augmentation de poids des métaux calcinés ; peut-être Voltaire l’ignorait-il. (D.)