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ESSAI SUR LA NATURE DU FEU

ARTICLE  IV.
suite des autres propriétés générales par lesquelles on cherche à déterminer la nature du feu.

Le feu, comme tout autre fluide, se meut également en tous sens ; ou plutôt, ne pouvant se mouvoir qu’avec cette égalité, parce que l’action et la réaction de ses parties élémentaires sont égales, il semble être l’unique cause pour laquelle les autres fluides se meuvent ainsi.

Il doit donc échauffer également dans toutes ses parties un corps homogène qu’il pénètre ; sa flamme doit être ronde, et l’est toujours quand l’air ne presse pas sur le mixte qui brûle. Qu’une boule de fer soit bien enflammée dans un fourneau où l’air, très-raréfié, a épuisé son ressort, cette boule de fer jette des flammes également en haut et en bas ; la flamme de l’esprit-de-vin s’arrondit quand on la plonge dans une autre flamme.

De cette propriété inhérente dans le feu de se répandre également s’il ne trouve point d’obstacle, il suit que tout corps enflammé doit envoyer les traits de feu également de tous les côtés, et qu’ainsi tout point lumineux est un centre dont les rayons partent et aboutissent à la surface d’une sphère.

C’est par cette propriété que le feu échauffe et éclaire en raison inverse ou réciproque du carré des distances.

Le feu a donc la propriété d’envoyer au corps une quantité de sa substance dans cette proportion.

Il a encore la propriété d’être attiré sensiblement par les corps.

1° Cette attraction est démontrée par cette expérience connue d’une lame de couteau ou de verre dont la pointe est rasée par les rayons du soleil dans une chambre obscure.

Essai sur le feu – page 300
Essai sur le feu – page 300

On sait que les rayons s’infléchissent, se portent vers cette lame en proportion des distances ; c’est-à-dire que le rayon qui