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LE PRÉSERVATIF.

au méridien au-dessous du pôle. » Il ignore qu’une planète n’est ni au-dessus ni au-dessous du pôle, mais toujours dans le zodiaque, et tantôt septentrionale, tantôt méridionale. Il ne fallait pas changer les expressions de M. de Maupertuis, pour lui faire dire une telle absurdité. Quand on ignore les choses dont on parle, il faut copier mot à mot les gens du métier, ou se taire.

XIII.

Nombre 188. Il fait l’éloge d’une ancienne gazette intitulée le Nouvelliste du Parnasse, et il la compare modestement aux premiers Journaux des savants, parce qu’elle est de lui ; ce n’est pas la moins considérable de ses fautes.

XIV.

Nombre 200, tome XIV. Il proteste sur son honneur qu’il n’a point écrit contre les médecins de Paris ; mais en 1736, il protesta sur son honneur à M. l’abbé d’Olivet, dans une lettre lue publiquement à l’Académie française, qu’il n’avait point eu de part au libelle contre plusieurs membres de cette académie : cependant il fut convaincu, à la chambre de l’Arsenal, d’avoir vendu trois louis, au libraire Ribou, ce libelle qu’il avait désavoué sur son honneur ; il fut condamné, et n’obtint que très-difficilement sa grâce.

XV.

Nombre 190. Il dit, en parlant d’une épître sur l’Égalité des conditions, « qu’il y a des maux légers, et des maux insupportables dans la vie » ; on le sait bien. « Mais où est l’égalité des conditions ? » dit-il. Il n’a pas compris que les accidents de la vie ne sont pas des conditions. Une maladie incurable, ou bien le mépris et la haine du public, ne sont attachés à aucune condition ; mais dans tous les états on peut être méchant, méprisé, et misérable. Il dit, dans la même feuille, qu’après la mort du maréchal d’Ancre le peuple se repentit de sa barbarie, et lui rendit justice. C’est un fait absolument faux : le peuple ne donna aucun signe de repentir. Dans la même feuille il rapporte ces vers connus :

Le bonheur est le port où tendent les humains[1] ;
Les écueils sont fréquents, les vents sont incertains ;

  1. Voyez, tome IX, les variantes du premier des Discours sur l’Homme.