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AVERTISSEMENT DE BEUCHOT.

Mais l’une de ces éditions ne serait-elle pas celle que Jore avait faite en 1731 ? Je ne serais pas éloigné de le penser : d’autant plus que ce ne serait qu’en 1733[1] que Voltaire aurait envoyé à Jore cette vingt-cinquième Lettre sur les Pensées de Pascal ; et la différence des caractères employés pour l’imprimer fait conjecturer qu’il s’était écoulé quelque temps depuis l’impression des vingt-quatre premières. Une autre observation à ce sujet, c’est que Voltaire, qui avait reçu deux exemplaires de l’édition faite par Jore, se plaint de fautes considérables[2], et l’édition en 387 pages en contient en effet beaucoup, surtout quant à la ponctuation : on ne les eût pas faites si l’on eût imprimé d’après l’édition présumée condamnée, où on ne les trouve point. Je ne donne au reste tout ceci que pour de simples observations. Je ne me permets pas de prononcer : je laisse ce soin à plus heureux, plus hardi ou plus habile que moi.

Des vingt-sept Lettres qui figurent sous le nom de Lettres philosophiques, vingt-quatre seulement ont du rapport entre elles, puisqu’elles concernent l’Angleterre. Les trois autres (1° sur les Pensées de Pascal, 2° sur l’Âme, 3° sur l’Incendie d’Altena) leur sont étrangères. En rétablissant en corps d’ouvrage les Lettres philosophiques, j’ai donc cru ne devoir réunir que les vingt-quatre premières Lettres.

C’est en effet dans ces vingt-quatre Lettres que Voltaire fait consister son ouvrage. En envoyant la vingt-quatrième à Thieriot, il lui écrivait 1er mai 1733 : Je vous envoie la Lettre sur les académies, QUI EST LA DERNIÈRE. Dans sa lettre à Maupertuis[3], il dit n’avoir pas laissé admettre dans l’édition de Londres la Lettre sur les Pensées de Pascal (qui est la vingt-cinquième).

En voilà sans doute plus qu’il n’en faut pour me justifier de n’admettre corps d’ouvrage que les Lettres sur les Anglais.

Ce titre de Lettres sur les Anglais, quoiqu’il soit le titre propre, n’a pas toujours été employé. Voltaire se sert le plus souvent de la dénomination de Lettres anglaises. Quelquefois il les appelle Lettres philosophiques[4]. Cependant je retrouve ce titre de Lettres sur les Anglais dans une édition faite à Amsterdam en 1739, et qui fait partie des Œuvres de M.  de Voltaire, 1739, 3 vol. petit in-8°. Je ne sais s’il existe d’autres éditions où ces lettres soient en corps d’ouvrage ; mais en remontant même très-loin, tous les éditeurs qui m’ont précédé[5] ont disséminé ces Lettres dans les diverses divisions ou sections des Œuvres de Voltaire[6] : si je fais autrement qu’eux, je puis me justifier sans les accuser.

  1. Lettre à Cideville, du 1er juillet 1733.
  2. Au même, 1er juin 1734.
  3. 29 avril 1734.
  4. Lettre à Formont, avril 1734 ; à Cideville. 22 juin 1734 ; à La Condamine, 22 juin 1734.
  5. C’est en 1818 que je m’exprimais ainsi. Toutes les éditions de Voltaire, données depuis, contiennent les Lettres philosophiques en corps d’ouvrage.
  6. Je pense que ce fut en 1739 que l’auteur se décida à disperser ou déguiser les Lettres philosophiques. J’ai sous les yeux les Œuvres de M.  de Voltaire, nou-