Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome23.djvu/215

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


DISCOURS
DE M. DE VOLTAIRE
À SA RÉCEPTION À L’ACADÉMIE FRANÇAISE

PRONONCÉ LE LUNDI 9 MAI 1746[1].

Messieurs,

Votre fondateur mit dans votre établissement toute la noblesse et la grandeur de son âme ; il voulut que vous fussiez toujours libres et égaux. En effet, il dut élever au-dessus de la dépendance des hommes qui étaient au-dessus de l’intérêt, et qui, aussi généreux que lui, faisaient aux lettres l’honneur qu’elles méritent, de

  1. Voltaire avait donné la Henriade, Œdipe, Mariamne, l’Indiscret, Brutus, et l’Histoire de Charles XII, lorsqu’au commencement de 1732 il se présenta pour une place à l’Académie française. Mais Le Gros de Boze déclara que Voltaire ne serait jamais un personnage académique, et le candidat eut à peine quelques voix. À la mort du cardinal de Fleury, en 1743, Voltaire, qui avait encore produit sur la scène Zaïre, la Mort de César, Alzire, Mahomet, Mérope, pensait à se présenter de nouveau. Le ministre Maurepas annonça qu’il s’opposerait à sa nomination. C’est à l’occasion de ce second refus que fut imprimé un pamphlet attribué au poëte Roy, et intitulé Discours prononcé à la porte de l’Académie française, par M. le directeur, à M***. Ce ne fut que trois ans après, à l’âge de cinquante-deux ans, que Voltaire fut nommé membre de l’Académie française. Encore fallut-il qu’il fît une espèce de profession de foi (voyez, dans la Correspondance, la lettre au R. P. de La Tour, du 7 février 1746). Il succédait au président Bouhier, et prit séance le 9 mai 1746. Le directeur de l’Académie était l’abbé d’Olivet. Voltaire, dans sa lettre à Maupertuis, du 26 mai ou 3 juillet 1746, parle de suppressions qu’on exigea lorsque, avant de prononcer son discours, il le lut dans un comité d’académiciens. Maupertuis ne croyait pas à la suppression.

    La réception donna naissance à quelques pamphlets : I. Lettre d’un académicien de Villefranche à M. de Voltaire, au sujet de son remerciement à l’Académie française, in-4°. — II. Réflexions sur le remerciement de M. de V*** à l’Académie française, faisant partie du Voltariana. — III. Discours prononcé à l’Académie française par M. de Voltaire, harangue ironique, dont l’auteur est Baillet de Saint-Julien. Louis Travenol fils, violon de l’Académie royale de musique, fit alors réimprimer le Discours prononcé à la porte de l’Académie, et une pièce de vers intitulée le Triomphe poétique, déjà publiée en 1739. Voltaire traduisit Travenol devant les tribunaux. Le Discours de réception de Voltaire a été admis dans le tome VIII de ses Œuvres, Dresde, 1748, in-8°. Dans l’édition des Œuvres de Voltaire, donnée dans la même ville en 1752, le Discours de réception fait partie du tome IV, et est précédé de cet Avertissement des éditeurs :