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3o4 ÉLOGE

lorsque Rousseau fut condamné unanimement par le Cliâtelet et par le parlement, ce de Brie lui prêta de l'argent pour sortir du royaume.

Ce sont là des faits de la vérité la plus incontestable. Je n'ai jamais pu concevoir comment il s'est pu trouver quelques per- sonnes assez dépourvues de raison et d'équité pour soutenir que Laraotte, Saurin, et un joaillier nommé Malafer^ avaient fait ensemble tous ces infâmes couplets pour les imputer à Rousseau.

M. de Crébillou savait, à n'en pouvoir douter, que Rousseau était l'auteur de tout; Oghières lui avait enfin avoué que de Brie lui avait apporté les premiers.

Il est indubitable que non-seulement Rousseau fut coupable de cette infamie, mais encore du crime affreux d'en accuser un innocent. La haine l'aveuglait; c'était sa passion dominante. Il y joignit l'hypocrisie, car dans le cours du procès même il fit une retraite au noviciat des jésuites, sous le P. Sanadon ; et, retiré à Bruxelles, il fit un pèlerinage à pied à Notre-Dame de Hall, dans le temps qu'il trahissait et livrait à ses créanciers - le sieur Médine, qui l'avait secouru dans ses plus pressants besoins. Ce sont encore des faits dont on a la preuve. Il ne cessa de faire à Bruxelles des épigrammes bonnes ou mauvaises contre les mêmes personnes qu'il avait outragées à Paris : il en fit contre Fontenelle, Lamotte, La Faye, Saurin, et contre Grébillon, qu'il désigne sous le nom de Lycophron.

Il en fit contre l'abbé d'Olivet, qui n'avait pas approuvé ses Aïeux chimériques'^, et contre l'abbé Dubos, secrétaire perpétuel de l'Académie. Tout cela est imprimé.

Il reste à savoir si de telles horreurs peuvent être pardonnées en faveur de deux ou trois odes qui ne sont que des déclamations de rhétorique, de quelques psaumes au-dessous des cantiques à'Esthcr et cVAthalic, et de quelques épigrammes dont le fond n'est jamais de lui, et dont prcs(iue tout le mérite consiste dans des turpitudes. Je voudrais seulement qu'on lui eût donné le rôle de Palamède et de Rhadamiste à traiter: il aurait été infiniment au-dessous de M. de Grébillon. Qu'on en juge par toutes ses pièces de théâtre, et en dernier lieu par les Aïeux cliiniïriqucs et par l'IItjpuco)ulre : OU voit un homme absolument sans invention et sans génie, qui n'avait guère d'autres talents que celui de la

1. \uyv7. loinu MV, pages 88 cl suiv. '2. \oycz tome XXII, pagi; Toi.

3. Ibid., page 35'2.

4. (lotie pièce n'a \m>i été représentée.

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