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484 ÉCLA1RCISSE3IENTS HISTORIQUES.

prit des nations; cette entreprise était d’autant plus admirable que ce Nonotte n’avait jamais étudié l’histoire. Pour mieux vendre son livre, il le farcit de sottises, les unes dévotes, les autres ca- lomnieuses : car il avait ouï dire que ces deux choses réussissent.

��PREMIÈRE SOTTISE DE NONOTTE.

Le libelliste accuse l’auteur de VEssai sur les Mœurs et l’Esprit des nations d’avoir dit : « L’ignorance chrétienne se représente Dio- clétien comme un ennemi armé sans cesse contre les fidèles. »

n n’y a point dans le texte l’ignorance cluxticnne; il y a dans toutes les éditions : l’ignorance se représente d’ordinaire Dioclé- tien, etc, * On voit assez comment un mot de plus ou de moins change la vérité en mensonge odieux. Ce premier trait peut faire juger de Nonotte,

11"= SOTTISE DE NONOTTE,

SLR LN ÉDIT DE I, ’e M T F. R E l P, .

Il s’agit d’un chrétien qui déchira et qui mit en pièces publi- quement un édit impérial. L’auteur de VEssai sur les Mœurs, etc, appelle ce chrétien indiscret-. Le libelliste le justifie, et dit : « Un semblable édit n’était-il pas évidemment injuste, etc. ? »

Je dois observer que c’est trop soutenir des maximes tant con- damnées par tous nos parlements. Quelque injuste que puisse paraître à un particulier un édit de son souverain, il est criminel de lèse-majesté quand il le déchire et le foule aux pieds publi- quement. L’auteur du libelle devrait savoir qu’il faut respecter les rois et les lois.

Si Nonotte avait à faire à quelque savant en us, ce savant lui dirait : « Monsieur, vous êtes un ignorant ou un fripon : vous


1. Voyez tome XI, page 228; le mot chrétienne ne se trouve, en effet, dans aucune des éditions 17î)«, 1701, in-S"; 17G9. in-4"; 1775, in-8«.

2. Essai sur les Mœurs, chapitre viii ; voyez tome XI, page 228.

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