Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome25.djvu/175

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et la douceur de vos charmes a ravi mon cœur. Vos yeux sont noirs et attrayants comme ceux de la biche ; vos yeux, comme ceux de la biche, sont sauvages et dédaigneux, »

II.

« Le moment de mon bonheur se diffère de jour en jour. Le cruel sultan ne me permet pas de voir ces joues plus vermeilles que les roses ; je n’ose encore y cueillir un baiser. La douceur de vos charmes a ravi mon cœur. Vos yeux sont noirs et attrayants comme ceux de la biche ; vos yeux, comme ceux de la biche, sont sauvages et dédaigneux. »

III.

« Le malheureux Ibrahim soupire dans ces vers. Un trait parti de vos yeux a percé mon sein. Ah ! quand viendra le moment de la jouissance ? Attendrai-je longtemps encore ? Ah ! sultane aux yeux de biche ! ange au milieu des anges ! je désire, et c’est en vain. Pouvez-vous prendre plaisir à tourmenter mon cœur? »

IV.

« Mes cris perçants s’élèvent jusqu’au ciel : le sommeil fuit ma paupière. Tourne du moins les yeux vers moi, sultane, que je contemple ta beauté. Adieu... je descends au tombeau... mais rappelle-moi, ta voix retiendra mon cime fugitive... Mon cœur est brûlant comme le soufre ; laisse échapper un soupir, et ce cœur s’embrasera. Gloire de ma vie ! belle lumière de mes yeux ! ô ma sultane ! mon front est prosterné contre la terre. Des larmes brûlantes inondent mes joues... je sens le délire de l’amour. Ouvre ton âme à la pitié ; laisse du moins tomber un regard sur moi. »

Ce morceau, fidèlement traduit d’après la traduction littérale qu’en donne milady Montagne, respire le goût de la poésie orientale ; on y retrouve ce désordre de sentiments et d’idées qui peut nous paraître exagéré, mais qui vraisemblablement est naturel à des peuples plus sensibles et moins cultivés. Un Arabe s’énonce dans le langage ordinaire d’une manière plus figurée et plus hardie que nous n’oserions le faire en vers. Un amant écrivait à sa maîtresse qui avait le teint blanc et les cheveux noirs : « Le jour est sur ton visage, et la nuit dans tes cheveux. »

Milady parle des bains chauds de Sophia, renommés dans ces contrées comme ceux de Bourbonne, de Plombières, d’Aix-la-